Après neuf années de stabilité, la fécondité baisse en France depuis 2015. L’indicateur conjoncturel de fécondité oscillait autour de 2,00 enfants par femme entre 2006 et 2014. Il s’établit à 1,95 en 2015 et à 1,92 en 2016, selon l'Insee. La baisse touche toutes les régions, à l’exception de la Guyane et de Mayotte où la fécondité augmente, et de La Réunion où elle est stable.
"Cette baisse s'observe pour toutes les naissances"
"Cette baisse s'observe pour toutes les naissances ; elle touche les femmes ayant déjà un enfant, et celles n'en ayant pas. Chez les femmes ayant déjà un enfant, la probabilité d'en avoir un deuxième est plus faible qu'il y a trois ans, il en va de même pour la probabilité d'avoir un troisième enfant", explique au Point Isabelle Robert-Bobée, cheffe de la division enquêtes et études démographiques.
L’âge moyen à la naissance des enfants poursuit sa progression : il augmente de 0,1 an par année, pour atteindre 30,5 ans en 2016. Avant 30 ans, la baisse déjà constatée par le passé s’accélère en 2015. La fécondité des femmes de 30 à 34 ans diminue également en 2015 et 2016, mais moins fortement que pour les plus jeunes. Entre 35 et 39 ans, la fécondité commence à baisser en 2016. À partir de 40 ans, la fécondité baisse en 2015. Puis elle augmente de nouveau en 2016, mais moins fortement que par le passé.
La baisse de la fécondité touche tous les milieux sociaux
Les femmes appartenant aux 25% des ménages les plus modestes ont une fécondité, à âge donné, plus élevée que les femmes un peu moins modestes qu’elles. La fécondité des femmes les plus aisées est plus tardive : elle est maximale à 31 ans, contre 28 ou 29 ans pour les femmes des niveaux de vie plus modestes. Au total, la baisse de la fécondité touche tous les milieux sociaux.
Malgré cela, "nous demeurons malgré ces chiffres toujours le pays le plus fécond d'Europe. Chez nos voisins, les évolutions divergent. La Grèce a vu son indice conjoncturel de fécondité chuter fortement après la crise financière de 2008, il remonte lentement. Au Portugal, nous notons une remontée récente de la fécondité , qui avait elle aussi beaucoup baissé pendant la crise", poursuit Isabelle Robert-Bobée.
La fécondité des immigrées est en moyenne plus élevée que celles des non immigrées. D’après les taux de fécondité par âge estimés en 2015 et en 2016, elles ont environ 0,8 enfant de plus par femme que les non immigrées. Ce phénomène est en partie lié à l'effet de l'immigration, qui décale souvent les naissances après l'arrivée dans le pays d'accueil. Les femmes ayant immigré avant l’âge de 15 ans ont une fécondité très proche des femmes nées en France.