En cas de douleurs dégénératives, la rééducation permet de consommer moins d’antidouleurs, selon une nouvelle étude. Chez les patients ayant des douleurs à l'épaule, au cou, au bas du dos ou au genou, ceux qui suivaient rapidement une physiothérapie étaient jusqu'16% moins susceptibles d'utiliser des opiacés au cours des mois suivants.
La douleur est un sujet tabou
En France, la douleur est un sujet tabou et mal pris en charge. 63% des ressortissants déclarent ainsi avoir souffert de douleurs ces six derniers mois sans en parler à leur médecin ou leur pharmacien. Ils considèrent que leur douleur "n’est pas grave" (75%), qu’elle est mineure (71%), qu’ils veulent éviter de prendre trop de médicaments (58%) ou encore qu’ils n’aiment pas consulter trop souvent les médecins (51%). Dans le même temps, 43% expriment un sentiment de culpabilité par rapport à ces douleurs associées à leurs activités physiques, leur métier ou à leur âge. Pour une forte majorité, ces patients finissent par vivre au quotidien avec ces douleurs (77%), la moitié (50%) allant même jusqu’à penser que cela fait partie de la vie d’avoir mal.
L'échantillon humain comprenait ici 88 985 patients. Précisons que la cohorte se basait sur des cas de douleurs assez fortes, puisqu’elle était composée de personnes hospitalisées à cause de leurs souffrances.
Douleurs à l'épaule, au dos, au cou et au genou
Les risques que les patients consomment des opioïdes trois mois à un an après le diagnostic étaient plus faibles s'ils avaient participé à au moins une séance de physiothérapie dans les 90 jours suivant l’hospitalisation. Les probablités ont été réduites de 16% pour les patients souffrant de douleurs au genou, de 15% pour les douleurs à l'épaule, de 8% pour les douleurs au cou et de 7% pour les douleurs au dos (lombalgies).
La rééducation a aussi entrainé une baisse de la consommation d’opioïdes pour ceux qui devaient tout de même en prendre. Dans le détail, les patients rééduqués ont ingéré 10,3% moins d'opioïdes pour soulager la douleur au genou, 9,7% moins pour soulager la douleur à l'épaule et 5,1% moins pour soulager le mal de dos.
Overdoses d’opioïdes
Les opioïdes sont extraits du pavot comme la morphine ou la codéine, ou de synthèse comme le dextropropoxyphèneou le tramadol. Si ces médicaments sont parfois nécessaires pour soulager une douleur intense (en cas de cancer par exemple), ils peuvent également créer des addictions très fortes chez les patients.
Selon une étude de l’OFMA (l’Observatoire Français des Médicaments Antalgiques) : "en France, les hospitalisations pour overdose d’opioïdes ont augmenté de 128% de 2000 à 2015, et les décès liés à une overdose d’opioïdes prescrits ont significativement augmenté de 161%, entre 2000 et 2014". En juillet dernier, la ministre de la Santé Agnès Buzyn faisait d'ailleurs retirer de la vente libre en pharmacie plusieurs médicaments à base de codéine et d’autres dérivés de l’opium suite à la mort d’adolescents.
Grâce aux ordonnances très encadrées, la mort par opioïde reste tout de même bien mieux contrôlée en France qu’aux États-Unis. Là-bas, ces médicaments anti-douleurs ont couté la vie à environ 64 000 personnes en 2016, soit plus que les armes à feu ou les accidents de la route.