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Maladie auto-immune

Anémie hémolytique : un nouveau traitement dans la maladie des agglutinines froides

Par le Dr Jean-Paul Marre

Un médicament expérimental serait efficace dans le traitement de la maladie des agglutinines froides, une anémie chronique, d’origine auto-immune, pour laquelle il n'existe actuellement aucun traitement validé.

Violka08/istock

Chez les malades souffrant d’une anémie hémolytique d’origine auto-immune, la « maladie des agglutinines froides », un inhibiteur spécifique de la fraction C1s du complément, stoppe la destruction des globules rouges dans une étude préliminaire.

L’impact du sutimlimab sur l’hémolyse se traduit par une augmentation du taux d'hémoglobine et l’arrêt du recours à la transfusion sanguine. L’effet est obtenu chez des malades pour lesquels plusieurs traitements antérieurs avaient échoué et sans aucun effet indésirable grave. Ces résultats sont publiés dans la revue Blood.

Un désordre auto-immun

La maladie des agglutinines froides est causée par un dysfonctionnement du système de défense immunitaire. Celui-ci provoque la formation d'auto-anticorps (IgM monoclonale) dirigés contre les globules rouges ainsi qu’une activation aberrante du système du complément.

Les anticorps sont produits par certaines cellules du système immunitaire et sont normalement chargés de la lutte contre les infections et les cancers. Le système du complément est normalement responsable de la coagulation du sang.

Une anémie auto-immune

Ce trouble du système immunitaire aboutit, dans certaines conditions de température (moins de 30°C), à l’activation du système du complément et à la destruction isolée des globules rouges (« hémolyse »). Cette destruction survient donc par crises (hémolyse aiguë), en cas de température froide, avec des douleurs du dos et du ventre, des maux de tête, des vomissements, ainsi que des urines foncées (passage d'hémoglobine dans les urines).

Il s’agit donc d’une « anémie hémolytique auto-immune », car la moelle osseuse ne peut pas produire de globules rouges aussi vite qu'ils sont détruits. Les globules rouges sont responsables du transport de l'oxygène vers les cellules et les organes de l'ensemble du corps.

Une étude préliminaire

À ce jour, il n’existe aucun traitement validé pour le traitement de la maladie des agglutinines froides, même si le rituximab, un anticorps anti-CD20 utilisé dans traitement de certains cancers du sang, a été utilisé avec une efficacité limitée dans cette maladie.

Cette étude préliminaire a concerné 10 malades, âgés de 56 à 76 ans, et souffrant de la maladie des agglutinines froides depuis cinq ans en moyenne. Beaucoup avaient déjà reçu plusieurs traitements sans succès. Au moment de l’inclusion dans l’étude, tous les malades avaient un taux d'hémoglobine inférieur à la normale. Six malades recevaient également des transfusions sanguines régulières pour contrôler leurs symptômes.

Un taux de réponse corrélé

Parmi les patients qui ont répondu au traitement avec une dose complète de sutimlimab, la destruction des globules rouges a cessé et les taux d'hémoglobine ont considérablement augmenté. Sept malades sur 10 ont répondu et ont eu une augmentation moyenne de leur taux d'hémoglobine de 4 grammes par décilitre (g/dL) par rapport à une valeur initiale de 7,5 g/dL en six semaines. Le taux d'hémoglobine de quatre patients est revenu à la normale.

Lorsque le traitement par sutimlimab a été interrompu, le taux d'hémoglobine a de nouveau chuté et la destruction auto-immune des globules rouges a recommencé. Mais lors de la reprise secondaire du traitement, le taux d’hémoglobine s’est à nouveau amélioré. Les six malades qui devaient recevoir des transfusions sanguines régulières sont restés sans transfusion jusqu'à 18 mois sous traitement par sutimlimab.

Une maladie orpheline

« À condition que la tolérance reste correcte, le sutimlimab pourrait devenir le premier traitement approuvé pour la maladie des agglutinines froides », a déclaré le principal auteur Bernd Jilma, MD, de l'Université médicale de Vienne. « Le médicament répond clairement à un besoin médical non satisfait, et nous avons constaté des réponses rapides et fortes chez les malades pour lesquels plusieurs traitements antérieurs avaient échoué ».

La maladie des agglutinines froides toucherait environ 10 000 personnes aux États-Unis et en Europe. La plupart des malades ont plus de 50 ans.