La dépression est une maladie qui touche tous les âges, de l'enfance aux personnes âgées. Selon l'Inserm, "la prévalence des troubles dépressifs est estimée de 2,1 à 3,4 % chez l’enfant et à 14 % chez l’adolescent. Chez ces jeunes patients, le diagnostic est plus difficile à réaliser que chez l’adulte : les manifestations de la dépression varient en effet en fonction du stade de développement, qui modifie les capacités d’introspection et de communication". Bien que méconnue, la dépression infantile n'est pas un état passager, mais une vraie maladie dont la gravité peut accroître avec les années si elle n'est traitée. Il est donc essentiel de savoir en déceler les signes.
Les signes qui doivent alerter
Selon Santé Publique France, la dépression infantile "peut se manifester à travers des comportements de retrait, d’absence ou – au contraire – d’irritabilité, d’agitation", mais également des maux de ventre/tête fréquents, des troubles du sommeil, des sautes d'humeur ou encore, des troubles alimentaires.
Plus précisément, le principal signe d'une dépression infantile est "l’humeur dépressive" qui entraîne une tristesse quasi-permanente et une vision pessimiste du monde, des autres et de soi-même, avec des idées de dévalorisation, voire parfois de désespoir. Ce trouble de l’humeur s’associe à un ralentissement psychomoteur qui se manifeste par des troubles des fonctions intellectuelles, comme un déficit de la mémoire et des problèmes de la concentration. L'enfant peut alors rencontrer des difficultés scolaires, de l'anxiété, de l'agressivité, des phobies et peut même s'isoler de ses camarades, de sa fratrie ou de ses parents. Peut également survenir une perte de plaisir et d’envie de faire les activités de la vie quotidienne, même celles habituellement plaisantes, que les psychiatres appellent "l’anhédonie". L'importance des mots
Les manifestations verbales de l'enfant peuvent aussi alerter les parents. Les phrases comme "je suis nul", "j'arrive à rien" ou encore "je suis vilain" illustrent un profond manque de confiance en lui. De même que "je m'en fiche", "j'ai plus envie" ou encore "j'ai envie de rien" confirment une perte d'envie ou d'intérêt. Savoir écouter son enfant et mesurer la fréquence de ces affirmations négatives est essentiel pour diagnostiquer les premiers signes d'une dépression. A noter que c'est le changement de comportement sur une longue période qui traduira un état dépressif, sinon on parlera plus de déprime ou de colère passagère.
Les raisons les plus fréquentes de la dépression infantile
Les événements extérieurs comme la séparation des parents, des relations parentales conflictuelles, un décès, un déménagement, des carences affectives ou une nouvelle école peuvent déclencher un état dépressif chez l'enfant. "L’enfant est comme une éponge, il capte tous les messages, les émotions, y compris celles qui ne sont pas verbales. Si elles ne lui sont pas expliquées, elles peuvent avoir un impact sur lui, sans qu’il puisse comprendre de quoi il s’agit", explique à la Croix, le pédopsychiatre Patrice Huerre.
Il demeure alors essentiel d'établir un lien avec l'enfant, de discuter régulièrement avec lui et si nécessaire, d'opérer des changements dans son environnement. Selon la psychothérapeute Béatrice Millêtre, citée par le quotidien, certains enfants "craquent car ils ont l’impression de ne plus rien comprendre aux codes de la société, ils perdent leurs repères et leur confiance en eux. Les petits ont besoin qu’on les aide à décrypter le monde qui les entoure". Et ce, même à trois ans.
En cas de doute, il est recommandé de consulter un pédopsychiatre qui établira lui-même le diagnostic et pourra proposer un traitement adéquat.