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Lèpre : un traitement préventif réduit le nombre de cas au Maroc

Par Jean-Guillaume Bayard

Depuis 2012 et la mise en œuvre d’un traitement préventif à domicile, le nombre de cas de lèpre au Maroc a diminué de 16% par an.

Shutterstitch/iStock

La lèpre est une maladie infectieuse chronique qui affecte principalement la peau et les nerfs. Actuellement, environ 200 000 personnes dans le monde contractent la maladie chaque année, un chiffre qui est estimé à 250 en France. C’est 25 fois moins qu’il y a cinquante ans. Une diminution que l’on doit à l’introduction de la multithérapie bactérienne en 1981.

Une diminution annuelle du nombre de cas de 4 à 16% grâce au traitement préventif

Cependant, afin de briser la chaîne de transmission de la maladie, les pays les plus touchés, comme le Maroc, ont dû engager des actions sanitaires spécifiques. Ainsi, en 2012, le Maroc a mis en place un programme d'administration à domicile de la chimioprophylaxie à la rifampicine à dose unique (CSDR) pour enrayer la propagation de la lèpre, ont rapporté des chercheurs dans la revue PLOS Neglected Tropical Diseases.

Le ministère de la Santé marocain a analysé les cas de lèpre entre 2000 et 2017, montrant que dans la période précédant l’introduction du traitement préventif à la rifampicine, donc avant 2012, le nombre de cas était en diminution de 4,68% par an. Ce résultat a été porté à 16% par an depuis la mise en place de la CSDR. Plus précisément, le nombre de cas a diminué plus rapidement après 2012 chez les hommes et les enfants dans dix régions spécifiques et dans les zones urbaines et rurales. Au cours des cinq dernières années, seulement 26 nouveaux cas par an ont été détectés en moyenne.

Le Maroc veut éradiquer la lèpre d’ici à 2030

"Cette évolution favorable depuis 2012 peut intéresser la communauté médicale dans un contexte où les chercheurs souhaitent confirmer l'intérêt de la chimioprophylaxie dans le traitement de la maladie", déclarent les scientifiques.

Le ministère de la santé marocain souhaite éliminer cette maladie à l’horizon 2030. Pour cela, il a développé une stratégie reposant sur trois grands axes : le renforcement de la prévention de la transmission de la lèpre et la détection précoce des cas, l’amélioration de la qualité des soins et le renforcement de la surveillance épidémiologique.

Une maladie qui persiste dans le monde

L’Organisation mondiale de la Santé avait prévu dès 1991 que la lèpre ne soit plus considérée comme un problème de santé publique mondiale d'ici l’an 2000. Un objectif atteint puisque 0,29 cas sur 10 000 personnes dans le monde ont été rapportés en 2015 par l'OMS. Mais la maladie reste très présente dans certains pays : l’Inde, avec 100 000 cas par an et le Brésil, où sont rapportés environ 30 000 cas par an.

La transmission de cette maladie se fait par des contacts répétés avec des personnes infectées et contagieuses. Le bactérie de la lèpre se propage très lentement puisque la période d’incubation de la maladie dure en moyenne 5 ans et les symptômes ne peuvent apparaître qu’au bout de 20 ans. La maladie provoque alors des lésions cutanées et nerveuses qui, sans traitement, progressent et deviennent permanentes, touchant la peau, les nerfs, les membres et les yeux.