Les personnes gravement obèses ont besoin d'une dose de rayonnement beaucoup plus élevée lors des examens aux rayons X que les personnes de poids normal en raison de la quantité accrue de tissu à imager. Un rayonnement qui augmente le risque de cancer, comme le révélent de nouvelles recherches menées par des scientifiques britanniques. Leurs résultats ont été publiés dans le Journal of Radiological Protection.
Un risque de développer un cancer plus de deux fois plus élevé
Les chercheurs ont étudié 630 patients obèses ayant été exposé à des rayons X entre 2007 et 2015. Ces patients avaient un indice de masse corporelle allant jusqu'à 50, signe d'une obésité grave, avec un poids quasiment deux fois plus élevé que ce qu'il devrait être pour leur taille. Ils avaient tous subi des chirurgies bariatriques telles que la pose d’anneaux gastriques, de manchons gastriques ou de dérivations gastriques à l’Hôpital Musgrove Park, à Taunton, en Angleterre.
L'équipe de scientifiques a découvert que ces patients recevaient, au cours de la radiographie, des doses de radiations beaucoup plus élevées que celles des personnes qui ne sont pas en surpoids, en raison de la quantité accrue de tissu à imager. L'étude a conclu que le risque de développer un cancer à cause du rayonnement supplémentaire est plus de deux fois plus élevé (153%). Néanmoins, le risque de développer un cancer par rayons X demeure faible. En 2015-2016, 22,6 millions d'interventions aux rayons X ont été effectuées en Angleterre, entraînant 280 cancers.
Approfondir les recherches
Pour créer une image aux rayons X, les radiographes projettent des photons de rayons à travers le corps. La dose varie en fonction de la partie du corps et de la taille du patient : plus sa corpulence est importante, plus la dose de photons nécessaire est élevée. Et plus celle-ci est élevée, plus elle est susceptible d’endommager les cellules dans l’organisme du patient.
"Les rayons X sont un outil de diagnostic extrêmement important et les radiographes font tout leur possible pour minimiser les risques pour les patients", explique Karen Knapp, professeure en imagerie musculo-squelettique qui a supervisé l'étude. Cependant, des recherches complémentaires approfondies sont nécessaires pour "comprendre comment minimiser les doses pour ces personnes et intégrer des lignes directrices beaucoup plus rigoureuses sur le rayonnement afin de minimiser le risque", a-t-elle ajouté.
Ne pas effrayer les patients
Il n'existe actuellement aucune directive sur la manière de minimiser les doses de rayonnement chez les patients obèses. "Outre les doses de rayonnement administrées au patient, de nombreux facteurs techniques contribuent à la qualité d'image d'un rayon X", explique Saeed Al-Qahtani, auteur principal de l’étude. "Nous avons déjà commencé à travailler sur ce sujet afin de créer des modèles de prévision permettant aux radiographes de choisir le meilleur support technique possible en fonction de la taille du patient."
Les chercheurs ne souhaitent pas que ces résultats effraient les personnes qui doivent utiliser des rayons X. "Les patients ne doivent pas être rebutés par les rayons X dont ils ont besoin pour en savoir plus sur leur maladie car ils sont souvent essentiels pour définir le traitement", explique Richard Welbourn, chirurgien bariatrique à l'Hôpital Musgrove Park. "Avec les deux tiers de la population britannique en surpoids ou obèse, les résultats montrent à quel point il est important de mettre en œuvre des stratégies pour éviter d’exposer ces personnes à des risques accrus."