Et si, n’en déplaise aux manuels scolaires de biologie, l’utérus était plus qu’un simple organe reproducteur ? D’après une nouvelle étude américaine parue dans le journal Endocrinology, il communiquerait avec le cerveau, ayant une influence sur le processus cognitif.
Pour en arriver à cette surprenante conclusion, des chercheurs de l’Université de Tempe en Arizona ont travaillé avec quatre groupes de rats. Les rongeurs du premier groupe se sont vus retirer les ovaires, ceux du second l’utérus et ceux du troisième, les deux. Quant aux rats du quatrième groupe, les scientifiques ont réalisé sur eux une fausse opération, laissant leurs organes reproductifs intacts. Six semaines plus tard, ils ont entraîné les bêtes à s’orienter à travers un labyrinthe compliqué et ont ensuite modifié divers éléments de la structure pour voir comment la mémoire des rongeurs fonctionnerait.
Résultat : les rats ayant subi une hystérectomie (retrait de l’utérus) montraient plus de difficultés que les autres à trouver leur chemin. "Le retrait du seul utérus avait eu un effet unique et négatif sur la mémoire", explique Stephanie Koebele, étudiante en psychologie à l’Université de l’Etat d’Arizona co-auteure de l’étude.
Un lien entre hystérectomie et démence
"Il existe des recherches prouvant que les femmes qui ont subi une hystérectomie, mais ayant toujours leurs ovaires ont un risque accru de démence si l’opération a eu lieu avant une ménopause naturelle", renchérit le Professeur Heather Bimonte-Nelson qui a dirigé les travaux.
Par ailleurs, en testant le niveau d’hormones des différents rats, les chercheurs ont remarqué que ceux qui n’avaient plus d’utérus avaient un profil hormonal différents des autres. "Les hormones affectent le cerveau d’autres systèmes corporels. Aussi, avoir un profile hormonal altéré pourrait affecter le vieillissement cérébral et engendrer différents risques pour la santé", développe Stephanie Koebele.
Toutefois, les chercheurs ignorent encore comment ces changements hormonaux impactent la fonction cognitive et si ce changement est permanent ou à court terme. Afin d’y voir plus clair sur le sujet, des recherches plus approfondies devraient bientôt avoir lieu.
De nombreux effets secondaires physiques connus après un retrait de l'utérus
En France, l’hystérectomie est le plus souvent proposée aux femmes pour résoudre des troubles comme l’endométriose sévère, certains cancers gynécologiques ou en cas de complications hémorragiques importantes après un accouchement. Toutefois, en raison des nombreux effets secondaires physiques connus depuis longtemps déjà, le nombre de ces opérations réduit d’année en année (moins de 65 000 aujourd’hui contre près de 70 000 par an en 2010).
En effet, outre les effets sur le cerveau démontrés par les scientifiques de l’Université de Tempe, les spécialistes ont déjà pu observer des pertes vaginales, des risques de dépression et une constipation temporaire ainsi que des infections urinaires répétées chez les femmes ayant subi cette opération avant la ménopause. Enfin, le manque d’approvisionnement en sang des ovaires causé par la chirurgie peut provoquer une défaillance dans la production des hormones femelles, pouvant ainsi engendrer des risques de perte osseuse, de cardiopathie ischémique et d’incontinence urinaire.