Maladie auto-immune du système nerveux central, la sclérose en plaques est due à un dérèglement du système immunitaire, qui s’attaque au cerveau et aux fibres nerveuses en détruisant les gaines de myéline chargées de protéger les neurones. Peu à peu, les patients perdent l’usage de leurs membres, présentent des troubles de la vision, de la motricité et de la sensibilité.
Handicapante sans être mortelle, la sclérose en plaques est une maladie chronique qui se manifeste par des poussées inflammatoires entrecoupées de phases d’accalmie. Durant celles-ci, la myéline se reconstitue en partie mais, à terme, un handicap irréversible peut s’installer. La sclérose en plaques est une maladie multifactorielle, qui ne se déclenche pas autour d’une cause unique, mais est le résultat d’un "concours de circonstances", commenous l’expliquait en mai dernier le Pr Jérôme de Sèze, neurologue au CHRU de Strasbourg et spécialiste de la sclérose en plaques.
Parmi les facteurs susceptibles d’être à l’origine de la sclérose en plaques, pourraient aussi se trouver certaines allergies, parmi lesquelles l’allergie au pollen, aux acariens, à l'herbe et aux animaux domestiques ou les allergies médicamenteuses. Certaines allergies alimentaires telles que celles aux produits laitiers, aux mollusques et crustacés, au blé et au noix, ont également été évoquées comme facteurs de risque potentiels, mais les recherches menées à ce jour n’ont pas été concluantes.
De nouveaux travaux menés par la Harvard Medical School de Boston tentent toutefois de pallier ce manque. Publiés en ligne dans le Journal of Neurology Neurosurgery & Psychiatry, ils tentent de mieux comprendre quels sont les déclencheurs potentiels de la sclérose en plaques.
27% de poussées supplémentaires
Pour découvrir quels facteurs génétiques et environnementaux pourraient être à l’origine de la maladie, les chercheurs ont évalué les liens possibles entre les allergies environnementales, médicamenteuses et alimentaires, les poussées de sclérose en plaques SP et les signes d'activité de la maladie sur les examens IRM (imagerie par résonance magnétique) chez 1349 adultes atteints de la maladie.
Tous les participants ont participé à l’enquête longitudinale globale sur la sclérose en plaques menée à l’hôpital américain Brigham and Women's (CLIMB), et chacun d’entre eux a fourni des informations détaillées sur les allergies alimentaires, médicamenteuses ou environnementales et les symptômes associés entre 2011 et 2015.
Parmi les participants à l’étude, 427 n’ont déclaré aucune allergie connue, tandis que 922 avaient une ou plusieurs allergies. De ce nombre, 586 avaient une allergie environnementale, 238 avaient une allergie alimentaire et 574 étaient allergiques aux médicaments prescrits.
Les chercheurs ont additionné le nombre cumulatif de rechutes que chaque participant avait eues au cours de sa maladie, soit en moyenne 16 ans, et ont inclus toute preuve d'activité de la maladie à l'IRM ainsi que les propres évaluations des patients de la gravité de leurs symptômes lors de leur dernière visite clinique.
L'analyse initiale a indiqué que toute allergie était associée à un taux plus élevé de 22% d'épisodes cumulatifs de maladie, mais lorsque des facteurs potentiellement influents étaient pris en compte, cette différence disparaissait.
Toutefois, comparativement aux patients sans allergie connue, l'allergie alimentaire était associée à un taux cumulatif de poussées de maladie supérieur de 27 %, même après ajustement pour tenir compte de facteurs potentiellement influents.
Les allergies alimentaires stimuleraient l’activité de la sclérose en plaques
Par ailleurs, les chercheurs ont noté que tout type d’allergie était associé à un risque plus élevé de maladie active, comme l'a révélé une IRM lors de la dernière visite à la clinique. Mais une allergie alimentaire était associée à une probabilité plus de deux fois supérieure à celle d'une maladie active par rapport à une absence d'allergie.
Les auteurs de l’étude soulignent qu’il s’agit d’une étude observationnelle et qu’à ce titre, elle ne peut établir précisément les causes de la sclérose en plaques. Toutefois, les résultats mettent selon eu en lumière une ou deux explications possibles à leurs observations.
D’abord, les allergies alimentaires pourraient stimuler l'activité inflammatoire de la sclérose en plaques : les données génétiques suggèrent que la maladie, tout comme d’autres maladies auto-immunes, ont en commun certaines caractéristiques clés. Les allergies alimentaires peuvent aussi altérer les bactéries intestinales, qui peuvent produire des substances chimiques neuroactives qui affectent le système nerveux central.
"Nos résultats suggèrent que les patients atteints de sclérose en plaques souffrant d'allergies ont une maladie plus active que ceux qui n'en souffrent pas, et que cet effet est causé par les allergies alimentaires ", écrivent les chercheurs. D’autres recherches devront cependant être menées pour confirmer ces résultats.