Les overdoses aux opioïdes sont la première cause de mortalité outre-Atlantique. En 2017, 49 000 personnes en sont mortes. Les Etats-Unis subissent depuis plusieurs années une "crise des opioïdes" : le nombre de personnes accros à ces médicaments augmente, et le nombre de drames liés également.
Des chercheurs américains de l’université du Colorado se sont intéressés à l’usage des opioïdes dans le cas du traitement de la douleur lors de cancer de la tête et du cou. Ils constatent que certaines personnes développent une addiction, qui perdure après leur guérison. Leurs résultats ont été publiés dans la revue Otolaryngology-Head and Neck Surgery.
Des opioïdes toujours prescrits au bout de six mois
En analysant des bases de données, les scientifiques ont récolté les données concernant 811 patients traités entre 2008 et 2011 pour des cancers de la bouche et de l’oropharynx et qui ont reçu des opioïdes pour soulager leurs douleurs. Trois mois après la fin du traitement, 150 patients prenaient toujours ces médicaments. Au bout de six mois, 68 personnes consommaient encore des opioïdes, soit 7% des participants. Selon les chercheurs, ces chiffres devraient être bien plus élevés en réalité : les jeunes ont plus de risques d’être atteints d’addiction aux opioïdes, mais ils sont sous-représentés dans le panel de patients étudié.
Mieux accompagner les patients
"Vous ne devriez pas avoir besoin d’opioïdes au bout de six mois, explique Jessica McDermott, auteure principale de cette étude. Nous espérons pouvoir utiliser ces données pour aider les patients à mieux gérer leur douleur". Les chercheurs ont constaté que tous les patients ne sont pas égaux face aux opioïdes. Lorsque ces médicaments ont déjà été prescrits avant la maladie, le risque de dépendance est plus élevé. C’est également le cas pour les personnes qui ont déjà souffert d’alcoolisme ou de tabagisme.
Des risques différents selon les médicaments
Selon le type d’opioïdes prescrit, le risque d’addiction n’est pas le même. De manière générale, ceux qui ont reçu de l’hydrocodone, du fentanyl, de l’hydromorphone, de la morphine, de la nalbuphine, du tramadol ou de la mépéridine étaient plus susceptibles de poursuivre le traitement au bout de trois ou six mois. A l’inverse, les personnes qui prenaient de l’oxycodone avaient moins de risque de le prendre encore après ce laps de temps. "Nous pensons que les patients connaissaient le terme ‘oxycodone’ et qu’ils sont plus conscients du potentiel d’addiction", souligne Jessica McDermott. Elle ne recommande pas de cesser de prescrire des opioïdes mais de mieux accompagner les patients et de leur expliquer clairement les risques d’addiction.
La France n’est pas épargnée
La crise des opioïdes ne touche pas seulement les Etats-Unis, en France, ces médicaments sont fréquemment prescrits. Environ 12 millions de personnes chaque année prennent un médicament composé d’opium, pour un million d’entre eux, il s’agit d’un opioïde fort. Depuis les années 2000, le nombre de décès liés aux opioïdes a augmenté de 146% et le nombre d’hospitalisations de 167%.