ACCUEIL > QUESTION D'ACTU > Pour arrêter de fumer, mieux vaut aussi arrêter de boire !

Addictions

Pour arrêter de fumer, mieux vaut aussi arrêter de boire !

Par Mégane Fleury

Réduire sa consommation d’alcool faciliterait l’arrêt du tabac chez les gros buveurs. Pour la communauté scientifique, ces résultats prouvent que pour mieux combattre ces deux dépendances, il est plus efficace de les traiter ensemble. 

Buenaventuramariano/iStock

Si vous avez décidé de faire Dry January, un challenge qui consiste à ne pas boire une goutte d’alcool entre le 1er et le 31 janvier, profitez-en pour arrêter de fumer ! Une recherche américaine montre que moins boire facilite l’arrêt du tabac chez les gros buveurs. L’alcool modifie l’absorption de la nicotine par le corps humain, et réduire sa consommation permet d’aider au sevrage. Cette étude, réalisée par des chercheurs de l’université de l’Oregon, a été publiée dans Nicotine & Tobacco Research. 

Le métabolisme nicotinique n’est pas le même pour tous

Quand une personne fume, il faut un certain temps à l’organisme pour absorber et transformer la nicotine. Le ratio du métabolisme nicotinique est un biomarqueur qui détermine la vitesse à laquelle ce processus se déroule. Lorsque ce ratio est élevé, les individus fument plus et ont plus de difficultés à arrêter. 

Deux dépendances très liées 

D’après les chercheurs, pour les personnes consommant beaucoup d’alcool, arrêter de fumer serait plus simple si elles diminuaient aussi leur consommation d’alcool. Le ratio du métabolisme nicotinique de ces individus baisse lorsqu’ils boivent moins. Or l’alcool et le tabac sont liés : la plupart des gros buveurs sont aussi fumeurs, boire augmente le risque de fumer et inversement.

"Cette étude montre que le tabagisme quotidien et la forte consommation d’alcool seraient mieux soignés s'ils étaient pris en charge ensemble", conclut Sarah Dermody, auteure principale de l’étude. Ils sont parvenus à ces conclusions en suivant 22 fumeurs qui demandaient un suivi pour des problèmes d’alcool. Ils ont diminué fortement leur consommation d’alcool : elle est passée de 29 verres par semaine en moyenne à 7, dans le même temps, leur ratio du métabolisme nicotinique a chuté.

Les effets croisés de l’alcool et du tabac  

En 2015, des chercheurs de l’université du Missouri ont déjà mis en lumière les liens entre alcool et tabac. Ils avaient analysé l’envie de fumer des buveurs d’alcool. D’une part, fumer et boire actionnent simultanément le système de récompense dans le cerveau, doublant le plaisir ressenti par les consommateurs. Mais le tabac a aussi un effet stimulant : quand l’alcool endort, il réveille. L'alcool est aussi associé à des moments festifs, où d'autres fumeurs sont présents, ce qui peut être une tentation pour les personnes en sevrage. L'arrêt définitif du tabac exige souvent plusieurs essais, réduire sa consommation d'alcool pourrait augmenter les chances de réussite.