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Prévention

Un bébé avale une boulette de cannabis, ses parents traduits en justice

Par Mathilde Debry

Un bébé d’un an ayant accidentellement ingurgité un bout de résine de cannabis a fini aux urgences le 1er janvier. Ses parents seront convoqués au tribunal du Mans le 14 mars prochain. 

CatEyePerspective / istock

Deux jeunes parents ont passé leur premier janvier en garde à vue, après que leur bébé d’un an a ingurgité un bout de résine de cannabis. Ils seront convoqués au tribunal du Mans le 14 mars prochain pour "soustraction par un parent à ses obligations légales".

Le journal Ouest-France rapporte qu’un homme de 25 ans et son ex-compagne, âgée de 24 ans, ont passé le réveillon de la Saint Sylvestre ensemble. Installés chez cette dernière, au Mans, ils ont roulé un joint dans l’après-midi, faisant tomber un bout de cannabis par terre, sans arriver à le retrouver. Réveillé de sa sieste, leur petit garçon l’a avalé sans que personne ne remarque rien.

La somnolence de l’enfant finit par alerter ses parents

Fort heureusement, la somnolence de l’enfant finit par alerter ses parents, qui appellent les secours. Le bébé, transféré aux urgences de l’hôpital du Mans, était toujours en observation le 2 janvier au soir, même si ses jours ne sont plus en danger. Placés en garde à vue par la police du Mans, le père et la mère ont reconnu les faits.

Les enfants demandent une vigilance constante, en particulier les tout-petits, qui portent à leur bouche tout ce qui leur tombe sous la main. C’est ce que rappelait récemment l’ANSM, rapportant une hausse constante, depuis 2014, du nombre d’intoxications par ingestion accidentelle de cannabis, principalement chez les enfants de moins de 2 ans. En général, ce type d’incident survient dans un cadre familial, avec une recrudescence au cours de la période estivale et lors des fêtes de fin d’année.

5 fois plus de cas graves

L’agence alerte donc à nouveau "les professionnels de santé et le grand public sur la gravité de ces intoxications, souvent sous-estimée, qui conduisent très fréquemment à une hospitalisation". Une première enquête sur les intoxications par ingestion accidentelle de cannabis chez les enfants a été réalisée en 2015 sur les données de 2010 à 2014. L’actualisation de ces données a été menée sur la période du 1er janvier 2015 au 30 septembre 2017.  

Résultat : tous les indicateurs sont au rouge. Il y a eu 2 fois plus d’intoxication, 2,5 fois plus d’hospitalisation, et 5 fois plus de cas graves. La première enquête a rapporté 140 cas d’intoxication versus 194 cas pour la seconde. Le nombre de cas graves avec mise en jeu du pronostic vital, nécessitant une admission en réanimation, est passé de 9 enfants sur 140 à 27 enfants sur 194. Dix enfants ont été hospitalisés plus de 48 heures, dont un pendant 11 jours. Les enfants de moins de 2 ans restent les plus concernés (le plus jeune est âgé de 7 mois, le plus âgé de 5 ans). Aucun décès n’a heureusement été constaté jusqu’ici. 

Principaux symptômes 

Les principaux symptômes retrouvés chez les jeunes enfants ayant accidentellement ingéré du cannabis sont : somnolence (56%), agitation (30%), mydriase (27%), hypotonie (20%), tachycardie (10%), coma (10%), bradypnée (8%), convulsions (8%). "En cas d’ingestion ou de suspicion d’ingestion de cannabis, les structures d’urgences (Samu Centres 15) doivent être immédiatement prévenues", indique l’ANSM. L’agence rappelle également "aux services d’urgences pédiatriques la nécessité d’une recherche systématique de cannabis (urines et/ou sang et/ou cheveux) chez les enfants qui présenteraient des signes cliniques compatibles avec cette intoxication."

Les risques encourus par les enfants lors d’intoxications au cannabis sont d’autant plus importants que la teneur en delta-9-THC est élevée. Or et selon l’OFDT, cette substance contenue dans la résine de cannabis a triplé en dix ans. Rappelons que la consommation et la détention de cannabis sont interdites en France. Y exposer son enfant peut être passible d’une peine de prison.