Permettre aux fumeurs de déterminer leur consommation de nicotine pendant qu'ils essaient d'arrêter de fumer est susceptible de les aider à se débarrasser de cette mauvaise habitude, selon une petite étude menée auprès de 50 personnes. Les résultats indiquent que la plupart des fumeurs qui prennent des médicaments pour cesser de fumer peuvent facilement tolérer des doses quatre fois plus élevées que celles qui sont normalement recommandées.
Des doses plus élevées sont sûres et bien tolérées
Selon le directeur de l’étude : "les fumeurs déterminent leur consommation de nicotine pendant qu'ils fument, mais lorsqu'ils essaient d'arrêter de fumer, leur taux de nicotine est dicté par la dose recommandée du traitement. Ces niveaux peuvent être beaucoup trop faibles pour certaines personnes, ce qui augmente la probabilité qu'elles recommencent à fumer".
Lorsque le traitement de remplacement de la nicotine a été évalué pour la première fois dans les années 1970, de faibles doses ont été utilisées en raison de préoccupations concernant la toxicité et la dépendance. Il est alors apparu que la nicotine en soi, en dehors des produits du tabac, a un potentiel de dépendance limité et que des doses plus élevées sont sûres et bien tolérées. Malgré cela, les médicaments pour arrêter de fumer ont maintenu des niveaux plus bas de nicotine dans leurs produits.
84mg/jour
Les participants ont commencé à prendre une dose de nicotine de 21 mg par jour quatre semaines avant la date à laquelle ils ont cessé de fumer. La dose a été augmentée chaque semaine de 21 mg, à moins que les participants n'aient signalé des effets indésirables ou ne souhaitent pas augmenter la dose, jusqu'à un maximum de quatre doses, totalisant 84mg/jour. La dose a été réduite de 21 mg/jour chaque semaine à partir d'une semaine après la date d'arrêt, jusqu'à ce qu'elle revienne à la dose standard (21 mg/jour) quatre semaines plus tard.
On a conseillé aux participants de continuer à fumer comme ils le souhaitaient tout au long de la période précédant l'abandon du tabac et on leur a offert d'autres thérapies de remplacement de la nicotine par voie orale. A la fin de l’expérience, l'équipe a constaté que :
- Sur les 50 participants, 90% sont passés à au moins trois doses de nicotine, et 72% à quatre.
- 82% des participants ont réussi à s'abstenir de fumer pendant quatre semaines et n'ont constaté aucune augmentation significative des symptômes de sevrage, y compris des envies de fumer.
Seulement 6% des participants ont abandonné le traitement
Le plaisir de fumer a diminué considérablement au cours de la période précédant l'abandon du tabac, et l'intervention a été jugée facile à respecter. Au cours de la période précédant l'abandon du tabac, le nombre de cigarettes fumées par jour a aussi beaucoup baissé, passant de 20 par jour au début à 6 à la date d'abandon. Seulement 6% des participants ont abandonné le traitement. "Les fumeurs sont parfaitement capables de déterminer quelles doses de nicotine ils trouvent utiles. Il n'y a pas de risque de surdosage dangereux, car la nicotine comporte une valve de sécurité efficace sous forme de nausées", concluent donc les scientifiques.
La première cause de mortalité évitable
En France, le tabagisme reste, malgré une baisse considérable du nombre de fumeurs, la première cause de mortalité évitable, avec environ 73 000 décès chaque année. Il peut être la cause de multiples cancers (poumon, gorge, bouche, lèvres, pancréas, reins, vessie, utérus, œsophage), mais également de maladies cardiovasculaires (infarctus du myocarde, accidents vasculaires cérébraux, artérite des membres inférieurs, anévrismes, hypertension artérielle) et de troubles de l’érection.
D’autres pathologies ont un lien ou sont aggravées par le tabagisme : les gastrites, les ulcères gastro-duodénaux, le diabète de type II, l’hypercholestérolémie, l’hypertriglycéridémie, l’eczéma, le psoriasis, le lupus, les infections ORL (nez - gorge - oreilles) et dentaires, la cataracte et la DMLA (Dégénérescence Maculaire Liée à l’Age) pouvant aboutir à la cécité. Sans oublier la parodontite, maladie des gencives qui provoque le déchaussement et la perte des dents.