Arrivée tardivement, la grippe semble belle et bien s’installer dans l’Hexagone. Cinq régions sur 13 viennent de rentrer en pré-épidémie, soit la période qui précède en général d'une semaine le début de l'épidémie à proprement parler. La Corse est la plus touchée, suivie de l’Île-de-France, de l’Occitanie, de la Bourgogne-France-Comté, du Centre-Val de Loire et du Grand Est. 67 cas graves ont même déjà nécessité une hospitalisation pour réanimation.
Il n’est pas trop tard pour se faire vacciner
Sur Europe 1, Daniel Lévy-Bruhl, épidémiologiste à Santé Publique France, rappelle qu’il n’est pas trop tard pour se faire vacciner. "Il faut en général entre 10 et 14 jours entre le moment où l'on se fait vacciner et le moment où l'on est protégé. Nous en sommes encore au début de l'épidémie dans toutes les régions, y compris celles qui sont en phase pré-épidémique, donc les personnes à risque doivent, si elles ne l'ont pas encore fait, se faire vacciner", explique-t-il. "Cette protection leur sera utile pendant les semaines qui restent de circulation du virus."
Contrairement à l’année dernière, le vaccin contre la grippe semble efficace : les deux souches de virus qui circulent pour le moment majoritairement sont bien présentes dans les injections préventives. Seule bémol : de moins en moins de pharmacies peuvent vacciner contre la grippe, faute d’approvisionnement. "Je vous confirme qu’il y a une pénurie au niveau national. Les pharmacies qui en ont suffisamment commandé en ont toujours en stock, mais d’autres n’en ont plus. Et il est impossible d’en recommander, car il n’y en a plus en réserve chez les grossistes", expliquait récemment dans Le Parisien Carine Wolf-Thal, présidente du Conseil national de l’ordre des pharmaciens.
Le nombre de vaccinations est en hausse
D’un point de vue médical, c’est paradoxalement une bonne nouvelle. Alors que le taux de couverture vaccinale était à la baisse ces dernières années en France, la tendance semble s'inverser cet hiver. En nouvelle aquitaine par exemple, le nombre de vaccinations est en hausse de 20% depuis le début de l'automne. Le fait de pouvoir désormais se faire vacciner en pharmacie dans certaines régions test semble bien fonctionner, tout comme la communication des pouvoirs publics en la matière.
Selon le dernier bulletin épidémiologique hebdomadaire, deux virus de la grippe différents se sont succédés l'année dernière : le "virus A(H1N1) pdm09" et le "virus B Lignage Yamagata". Le vaccin a été efficace contre le premier, mais pas contre le deuxième. Le nombre de consultations pour syndrome grippal pendant l’épidémie a de ce fait été estimé à près de 2,4 millions, avec une surmortalité importante (17 000 décès).
"Le virus de la grippe mute en permanence, de manière parfaitement aléatoire. Certains virus mutés échappent à la réponse immunitaire, et peuvent ainsi infecter des personnes qui ont déjà eu la grippe. En ce sens, même s’il est ajusté chaque année, le vaccin contre la maladie ne peut pas être efficace à 100%" explique Bruno Lina, professeur de virologie à l’Université Lyon 1 et Chef de Service chez Hospices Civils de Lyon.
Personnes à risque
"C’est précisément parce que le vaccin n’est pas totalement efficace qu’il faut absolument que toutes les personnes qui ont reçu le bon de prise en charge se fassent vacciner, tout comme leur entourage. Cela doit permettre de leur constituer une sorte de cocon de protection contre la grippe autour des personnes les plus fragiles", poursuit-il.
Les pouvoirs publics visent ainsi à vacciner au maximum les citoyens à risque contre la grippe, afin d’éviter qu’ils n’en meurent et que l’épidémie ne se propage. On parle ici des personnes de 65 ans et plus, des femmes enceintes, des personnes souffrant de pathologies fragilisantes (asthme, obésité…), l’entourage des personnes à risque, l’entourage des enfants de moins de deux ans (parents, grands-parents, nounou…) et tous les professionnels de santé susceptibles de transmettre le virus de la grippe à leurs patients.