La schizophrénie est une maladie liée à un problème dans le fonctionnement de certains circuits neuronaux, les réseaux de cellules nerveuses présents dans le cerveau. Dans la plupart des études, les scientifiques comparent les cerveaux de personnes malades avec ceux de personnes saines. Cette nouvelle recherche, menée au sein du Centre pour les addictions et la santé mentale (CAMH) de Toronto, s’intéresse uniquement aux personnes schizophrènes, ce qui a permis de mettre en avant les différences existant entre les malades. Leurs résultats ont été publiés dans The American Journal of Psychiatry.
La schizophrénie est liée à un trouble de la maturation du cerveau pendant l’adolescence. Les symptômes sont variés mais peuvent être rassemblés sous trois aspects : la dissociation, lorsque la personne n’arrive plus à faire le lien entre les idées et a du mal à communiquer clairement, les hallucinations et les symptômes appelés déficitaires, lorsque la personne se replie, perd ses capacités intellectuelles et cognitives.
Comparer les différents types de schizophrénie
Pour cette recherche, 179 personnes atteintes de schizophrénie ont été recrutées. Les chercheurs ont menées des tests afin d’obtenir des informations sur les biomarqueurs de ces individus, qui permettent de mesurer les symptômes d’une maladie mentale. Ils leur ont demandé d’imiter des émotions avec leur visage, car cette tâche reflète la capacité à interagir socialement, et dans le même temps, ils ont réalisé des IRM de leur cerveau.
Trois profils de la maladie ont été identifiés, liés aux circuits neuronaux : typique, sur-activé et désactivé. "Nous pensons que ceux qui ont des réseaux sur-activés sont improductifs en terme d’activité cérébrale, ils doivent lutter et travailler plus pour faire certaines tâches en comparaison aux autres", explique Colin Hawco, l’un des auteurs de cette étude. A l’inverse, il établit un tout autre constat pour le groupe "désactivé" : "ils semblent montrer un usage très efficace de leur cerveau, et ont eu de meilleurs résultats sur les tests de comportement liés aux processus sociaux".
Etablir des traitements plus efficaces
Aujourd’hui, les différents aspects de la maladie demeurent peu connus, c’est pourquoi la prise en charge thérapeutique concerne uniquement les symptômes. Elle permet quand même d’améliorer le quotidien et la qualité de vie des patients : un tiers d’entre eux connaissent une rémission durable.
"C’est pourquoi nous nous sommes vraiment investi pour faire des réseaux cérébraux des comportements sociaux une vraie piste de traitement et de recherche", souligne le Dr Anil Malhotra, co-auteur de l’étude. Grâce à leurs résultats, ils espèrent pouvoir mettre au point de nouvelles solutions thérapeutiques qui cibleront précisément les circuits neuronaux et qui seront mieux adaptées à chaque patient. En France, la schizophrénie concerne environ 1% de la population, soit 600 000 personnes.