Fatigue, somnolence, risque de dépression, troubles de l’humeur… Les insomnies ont beau être un trouble du sommeil fréquent, leurs conséquences sur notre santé physique et mentale sont réelles. D’après le Baromètre santé 2010 réalisé par l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé, 15,8 % des 15-85 ans souffriraient d’insomnie chronique.
Touchant davantage les femmes que les hommes, les insomnies constituent, selon les chercheurs, le deuxième trouble mental le plus répandu chez l’adulte. Pourtant, il reste bien souvent une énigme pour les médecins, qui peinent parfois à en trouver l’origine, en raison des différents mécanismes cérébraux impliqués, mais aussi à prescrire un traitement efficace, qu’il soit médicamenteux ou non.
De nouveaux travaux, menés par l’Institut néerlandais des neurosciences et publiés dans la revue The Lancet Psychiatry, pourraient faire avancer la recherche sur le traitement de l’insomnie. Selon les auteurs de cette nouvelle étude, en effet, il existerait 5 types d’insomnie. "Bien que nous ayons toujours considéré l'insomnie comme un seul trouble, elle représente en fait cinq troubles différents. Les mécanismes sous-jacents du cerveau peuvent être très différents. À titre de comparaison, les progrès dans notre compréhension de la démence ont été propulsés une fois que nous nous sommes rendu compte qu'il existe différents types de démence, tels que la démence d'Alzheimer, la démence vasculaire et la démence frontale et temporelle", explique dans un communiqué le Dr Tessa Blanken, principale auteure de l’étude.
Des insomnies liées aux types de personnalité
Pour analyser les différents types d’insomnies, les chercheurs ont demandé à plus de 4 000 personnes de déclarer elles-mêmes leur expérience de l'insomnie, ainsi que leur histoire et leur type de personnalité. À partir de ces données, ils ont réussi à dégager quelques tendances qui leur ont permis de diviser l'insomnie en 5 catégories différentes.
À la grande surprise des scientifiques, ces types d’insomnie ne sont pas liés au trouble du sommeil lui-même, comme la difficulté à s’endormir ou le réveil tôt le matin, mais à la réponse de l'électroencéphalogramme aux stimuli environnementaux, qui était différente.
Voici les 5 types de profils d’insomniaques qu’ils ont pu obtenir à partir des résultats obtenus :
-Type 1 : très en détresse, concerne les personnes souffrant de névrose et qui ont tendance à se sentir tendues, dépressives ou anxieuses.
-Type 2 : modérément en détresse et sensible aux récompenses. Cela concerne les personnes ne souffrant pas de névrose, mais réagissant fortement aux récompenses et aux événements positifs.
-Type 3 : modérément en détresse mais insensible aux récompenses. Cela concerne les personnes ne souffrant pas de névrose et ne réagissant pas fortement aux récompenses et aux événements positifs.
-Type 4 : légèrement en difficulté avec une réactivité élevée, c'est-à-dire un faible niveau de détresse constante, mais très sensible aux événements stressants de la vie.
-Type 5 : légèrement en difficulté avec une faible réactivité, c'est-à-dire un faible niveau de détresse constante, mais aussi une faible sensibilité aux événements stressants de la vie.
Différentes insomnies, différents traitements
Les volontaires insomniaques ont de nouveau participé à des tests cinq ans après leur première participation. La plupart ont conservé le même type d’insomnie, ce qui suggère "un ancrage dans le cerveau", affirment les chercheurs. Pour ces derniers, "les mécanismes sous-jacents peuvent maintenant être mieux cartographiés grâce à la recherche sur le cerveau. Le sous-typage était également cliniquement pertinent".
Cela permettra aussi de mieux adapter le traitement de l’insomnie (somnifères ou thérapie cognitivo-comportementale) en fonction de la catégorie à laquelle elle appartient. Enfin, indiquent les auteurs de l’étude, ce "sous-typage permet maintenant une recherche beaucoup plus efficace sur la prévention de la dépression, en invitant spécifiquement les personnes les plus à risque". Les chercheurs ont maintenant entrepris une étude sur la prévention de la dépression chez les personnes souffrant d'insomnie et catégorisées comme celles étant les plus vulnérables à ce problème.