Chaque année, 7 millions de personnes meurent prématurément à cause du tabac dans le monde. Première cause de mortalité prématurée évitable en France, le tabagisme a causé près de 79 000 décès en 2015, soit 216 personnes chaque jour.
Considéré comme responsable de 90% des cancers du poumon en France, le tabac est loin d’affecter uniquement la santé de l’appareil respiratoire et contribue, au contraire, à l’apparition, mais aussi à l’aggravation de nombreuses pathologies qui peuvent toucher tous les organes.
Parmi les maladies risquant d’empirer sous l’effet du tabac, se trouve notamment le cancer de la vessie. On estime à un peu plus de 13 000 le nombre de nouveaux cas de cancer de la vessie et à 5 000 le nombre de décès dus à cette maladie en France en 2017. Le tabagisme actif en est non seulement le premier facteur de risque, mais il compromet aussi le traitement par chimiothérapie.
C’est ce que met en lumière une nouvelle étude menée par la Clinique Mayo de Rochester, aux États-Unis. Dans un article publié en ligne dans BJU International, ils montrent que les fumeurs actifs souffrant de cancer de la vessie invasif répondaient moins bien au traitement de chimiothérapie par cisplatine que les patients n’ayant jamais fumé.
Un risque plus important de récidive du cancer de la vessie
Pour analyser le lien entre tabagisme et la réponse au traitement par chimiothérapie, les chercheurs ont examiné les résultats de survi chez des patients atteints d’un cancer de la vessie à invasion musculaire et ayant subi une cystectomie radicale. Parmi les 201 patients examinés, 58 (28,9 %) n'avaient jamais fumé, 87 (43,3 %) ont déjà fumé et 56 (27,9 %) étaient fumeurs.
Les auteurs de l’étude ont ensuite analysé les caractéristiques clinicopathologiques selon le statut de fumeur. Les résultats ont révélé que le tabagisme était associé de façon significative à des effets pathologiques indésirables de la chimiothérapie à base de cisplatine chez les patients atteints d’un cancer de la vessie à invasion musculaire et ayant subi une cystectomie radicale.
Non seulement les fumeurs actuels et les anciens fumeurs ont moins bien répondu au traitement que les personnes n’ayant jamais fumé, mais les fumeurs actuels présentent un risque plus important de récidive du cancer. En effet, le taux de survie sans récidive à 5 ans est de 54,4 % pour les non-fumeurs, de 47,5 % pour les anciens fumeurs et de 40,4 % pour le groupe des fumeurs actuels.
Les chercheurs précisent que d’autres études prospectives de grande envergure sont nécessaires pour évaluer l'impact du tabagisme sur les résultats de survie chez les patients recevant une chimiothérapie à base de cisplatine. "Dans l'ensemble, ces résultats suggèrent que les médecins devraient avoir un rôle proactif dans l'éducation des patients au sujet de l'effet néfaste du tabagisme sur le cancer en particulier et sur l'ensemble de la population", concluent les auteurs.