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Intelligence artificielle

Cancer du col de l'utérus : l'intelligence artificielle serait plus efficace pour le dépistage que les humains

Par Raphaëlle de Tappie

Des chercheurs américains ont mis au point un algorithme extrêmement efficace pour repérer les signes annonciateurs d'un cancer du col de l'utérus.

RyanKing999/iStock

Si de nombreuses personnes refusent encore de faire confiance à l’Intelligence Artificielle (IA), il se pourrait qu’elle soit plus efficace que les humains pour repérer un cancer. En effet, d’après des recherches parues jeudi 10 janvier dans le Journal of the National Cancer Institute, des chercheurs américains ont développé un algorithme capable d’analyser les images digitales du col de l’utérus afin de dépister précocement un cancer de façon plus efficace qu’un expert.

Pour mettre au point ce super algorithme, les chercheurs du National Cancer Institute et de la fondation Global Good ont utilisé plus de 60 000 images de col de l’utérus collectées par leur Institut lors de travaux sur les dépistages du col qui avait eu lieu au Costa Rica dans les années 1990. Plus de 9 400 femmes avaient participé à cette étude qui avait duré 18 ans. Grâce aux années écoulées, les chercheurs savent aujourd’hui quels changements du col sont des signes annonciateurs d’un cancer et lesquels sont sans danger. Ils ont digitalisé les photos puis les ont utilisées afin d’entraîner l’algorithme à distinguer les facteurs de risques des autres. Cette approche se nomme Evaluation Visuelle Automatique (EVA).

Résultat : l’algorithme s’est montré plus performant que tous les tests de dépistage réalisés au cours de l’étude. En effet, l’EVA a permis d’identifier des signes avant coureurs de cancer avec bien plus de précision qu’un expert humain, notent les chercheurs.

Une technique très simple à réaliser

Car à l’heure actuelle, le dépistage du col est réalisé par un professionnel de la santé. Ce dernier applique de l’acide acétique (vinaigre) dilué sur le col utérin et l’inspecte à l’œil nu en quête de possibles changements de couleur, le tissu anormal étant visible temporairement car il blanchit quand il est exposé au vinaigre. Or, cette technique, appelée application d’acide acétique (IVA) ou cerviscopie, n'est pas fiable à 100%.

"Combiné avec les avancées du vaccin contre le papillomavirus et les technologies de détection de papillomavirus émergentes, notre algorithme pourrait aider à contrôler le cancer du col, même dans les zones à faibles ressources", s’enthousiasme Maurizio Vecchione, vice président de Global Good.

En effet, l’évaluation automatique visuelle est aussi facile à réaliser que l’application d’acide acétique. Le soignant peut se servir d’un simple téléphone portable pour examiner le col de la patiente. Par ailleurs, cette approche peut être réalisée avec un entraînement minimum, ce qui la rend très pratique dans les pays en voie de développement où le cancer du col de l'utérus est l’une des causes de mortalité principales chez les femmes.

Les tissus utérins varient selon les régions du monde 

Afin d’aller plus loin, les chercheurs doivent continuer d’entraîner leur algorithme à analyser des images annonciatrices de cancer du col et de tissus de femmes du monde entier, via différents appareils photos et techniques d’images. Une étape indispensable avant de pouvoir se servir de ce système partout, car le col utérin présente de subtiles différences selon les régions du globe d’où sont originaires les femmes.

Aujourd’hui dans le monde, le cancer du col utérin est le quatrième cancer le plus fréquent chez les femmes. Le plus important facteur de risque est une infection du col par le virus du papillomavirus (VPH), qui se transmet sexuellement. On estime que 75% des personnes en âge de procréer seront touchées au moins une fois dans leur vie par une infection au VPH. Or certaines souches du virus peuvent infecter le col utérin et engendrer des modifications cellulaires anormales qui provoqueront un cancer.

Si une femme est atteinte d’un cancer du col, elle pourra souffrir de saignements vaginaux après les rapports sexuels, de menstruations plus abondantes ou plus longues, d’écoulements vaginaux nauséabonds ou encore de douleurs au cours des rapports ou au niveau du bassin et du bas du dos.  

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