Dans une étude parue dans le BMJ, le traitement chirurgical des ruptures récentes (moins de 2 semaines) du tendon d'Achille réduit le risque de récidive par rapport au traitement non opératoire. Mais il faut bien avouer que les taux de re-rupture sont faibles et que les différences entre les groupes de traitement sont donc faibles : différence de risque de 1,6%.
A l’inverse, le traitement chirurgical a un risque plus élevé de complications que le traitement conservateur : différence de risque de 3,3%, principalement en raison d’une augmentation du risque d’infection.
Une rupture fréquente
La rupture du tendon d'Achille est une lésion fréquente (31 pour 100 000 par an), touchant à la fois les non-sportifs et les sportifs (sportif masculin de la quarantaine, lors de la course ou du football). Elle est plus fréquente dans la population active jeune avec un âge de survenue autour de la quarantaine, mais des études récentes indiquent que fréquence de la rupture du tendon d'Achille continue d'augmenter en raison d'une population âgée plus active. Ce tendon peut se rompre lorsqu’il a été fragilisé par une dégénérescence des fibres tendineuses (surpoids, déshydratation, tendinite préexistante).
Une blessure au tendon d'Achille peut être handicapante en raison de son rôle majeur lors de la marche. Le traitement d’une rupture récente du tendon d'Achille peut être chirurgical ou médical (traitement conservateur) mais il fait encore l'objet de nombreuses discussions.
Un diagnostic souvent tardif
Dans 20-30% des cas, le diagnostic d’une rupture du tendon d’Achille n’est pas posé à la première consultation, ce qui pose problème car la réparation précoce donne de meilleurs résultats.
Le tendon d’Achille est un tendon puissant qui attache le bas du mollet sur le talon. Il permet de soulever le talon lors de la marche et de la course. La rupture se traduit par une douleur vive du talon et du mollet, un gonflement de la face postérieure de la cheville, une impossibilité ou une grande difficulté à marcher.
Une dépression marquée peut se former au-dessus du talon. Même s’il est possible de marcher avec peu de douleur, il n’est pas possible de se tenir sur la pointe des pieds.
Une étude qui précise les données
Les méta-analyses précédentes n'incluaient que essais cliniques contrôlés et montraient que le traitement chirurgical des ruptures récentes du tendon d'Achille semblait réduire très nettement le risque de rupture secondaire du tendon par rapport au traitement conservateur. Avec l’ajout d’études observationnelles, qui permet d’augmenter le nombre de malades analysés, cette méta-analyse montre que les taux de deuxième rupture et de complications sont beaucoup plus faibles que prévu avec la chirurgie (comparativement aux études précédentes), et que les différences entre les groupes de traitement semblent être faibles, à tel point que les bénéfices du traitement chirurgical pourraient ne pas dépasser les risques associés à l’intervention (même en incluant les études sur la chirurgie mini-invasive). Les durées d’immobilisation et le délai de reprise du sport sont par ailleurs proches.
Par conséquent, un traitement conservateur par plâtre en équin peut constituer une option acceptable pour le traitement des ruptures récentes du tendon d’Achille. Les patients doivent être informés des avantages et des risques des deux options de traitement et les chirurgiens doivent savoir quand ne pas opérer.
En pratique
Un jeune athlète aura donc plus probablement un traitement chirurgical. Par contre, une personne âgée, fumeuse, diabétique et non sportive sera traitée médicalement. Pour la majorité des patients, qui se trouvent entre ces deux extrêmes, un dialogue ouvert et éclairé par une information sur les avantages et les risques de chaque traitement doit être mené entre patient et médecin pour que le patient puisse choisir le traitement le plus adapté à ses besoins
"Les bons chirurgiens savent comment opérer, les meilleurs quand opérer et le meilleur quand ne pas opérer".