Une baisse de 5% des transplantations tous organes confondus, pour les greffes dites "Maastricht III" (c'est-à-dire par donneurs décédés des suites d’un arrêt cardiaque après une limitation ou un arrêt des soins) a été enregistrée en 2018. Dans le détail, 5 781 greffes ont été réalisées en 2018, soit 324 greffes de moins qu’en 2017. Selon l'Agence de Biomédecine, 281 greffes ont été réalisées grâce à un don de type "Maastricht III" (234 en 2017 soit + 20 %), 551 à partir de donneurs vivants (629 en 2017, soit - 12 %) et 1 743 donneurs en état de mort encéphalique (1 796 en 2017, soit - 3 %).
L'Agence de Biomédecine redoutait une baisse plus importante, explique-t-elle dans son communiqué. "Grâce à la mobilisation des équipes médicales, l’activité de prélèvements et de greffe en France a pu repartir à la hausse durant les derniers mois de l’année 2018. Au lieu d’une baisse attendue de l’ordre de 10% au vu des premiers mois de l’année, 2018 s’est terminée avec une diminution de 5 % de l’activité".
Source : ACTIVITÉ DU PRÉLÈVEMENT ET DE LA GREFFE D’ORGANES EN 2018/ Agence de Biomédecine
Comment expliquer cette baisse d'activité ?
Donné importante : cette baisse ne résulte pas du passage en 2017 de la loi sur le consentement présumé qui indique que nous sommes tous présumés donneurs, sauf si nous déclarons de notre vivant notre refus d'être prélevé. "En effet, l’opposition de la population au don d’organes n’a pas augmenté depuis cette loi. Au contraire, le taux de refus exprime une tendance à la baisse (33 % en 2016, 30,5 % en 2017 et 30 % en 2018)", indique l'Agence.
Mais alors, comment expliquer cette baisse d'activité alors que le nombre de greffes réalisées en France était en constante hausse ces huit dernières années ? "Grâce à un dispositif efficace, ces dernières années, la mortalité liée aux accidents vasculaires cérébraux a baissé de 15 %. Il y a donc moins de donneurs potentiels recensés en état de mort encéphalique. La baisse de la mortalité des AVC induit 50 prélèvements de donneurs décédés en moins. Ce qui peut paraître peu, mais chaque donneur pouvait donner trois organes, cela peut aboutir à 150 greffes de moins", explique le professeur Olivier Bastien, directeur du prélèvement et de la greffe à l'Agence de la biomédecine.
C'est pour cela que l'Agence recherche d’autres sources de greffons (don du vivant, Maastricht II, donneurs décédés après arrêt cardiaque à la suite d’un échec des tentatives de réanimation et Maastricht III). Mais ce dernier protocole, dont les donneurs sont des personnes décédées d'une crise cardiaque après l'arrêt des soins, nécessite de gros moyens techniques. "C'est une possibilité de dons qui nécessite des moyens médico-techniques avec en particulier des machines de perfusions pour réhabiliter les organes qui ont souffert d'un prélèvement lié à un arrêt cardiaque. La France s'est encadrée d'une procédure médico-technique qui est complexe", déplore-t-il, car seulement la moitié des CHU sont équipés pour réaliser ce genre d'opération.
De plus, "l’épidémie de grippe en hiver 2018 qui a fortement mobilisé les équipes hospitalières et notamment les services de réanimation". A noter qu'une hausse a cependant été enregistrée à la Réunion (+139%) et en Guadeloupe (+32%).