Des chercheurs du CNRS, de l'Université Côte d’Azur et de l’Inserm ont mis en évidence un nouveau mécanisme héréditaire lié à l’apparition de la migraine. Leurs résultats, publiés dans la revue Neuron, ouvrent la voie à l’élaboration de nouveaux antimigraineux.
C’est une mutation génétique qui induirait le dysfonctionnement d’une protéine normalement capable d’inhiber une activité électrique provoquant des crises migraineuses. "Ce mécanisme mis en évidence n’avait jamais été décrit", explique à 20 minutes le responsable du laboratoire qui a coordonné les recherches, Guillaume Sandoz. "Ce système permet de produire une seconde protéine inattendue qui inhibe des canaux dans certains neurones. Cela entraîne une augmentation de l’activité électrique de ces neurones. Et déclenche donc la migraine", déduit-il.
Réduire l’activité électrique des neurones
Ces travaux, menés à l’Institut de biologie Valrose, constituent une nouvelle piste de recherche pour l’élaboration d’antimigraineux et font l’objet d’un brevet. L’idée est de réduire l’activité électrique des neurones via leurs canaux, prévenant ainsi le déclenchement de migraines. "On a fait l’expérience chez la souris et le rat : si spécifiquement on supprime l’expression de ce canal, on génère la migraine. Donc si on active, on a l’effet inverse. Maintenant qu’on a de nouvelles cibles, on va tester dans les mois qui viennent sur le rongeur des médicaments qui activent ces canaux", poursuit Guillaume Sandoz.
La France compte 10 millions de migraineux. Selon les données de l'Inserm, 15 à 18% des femmes en sont affectées, de même que 6% des hommes et 5% des enfants. Les crises peuvent durer jusqu'à 48h chez 10% des patients. "Chez l’enfant, la durée d’une crise de migraine est souvent plus courte que chez l’adulte (parfois inférieure à une heure) et la douleur est souvent frontale ou bilatérale", précise l'Inserm.
"On teste des médicaments"
Une migraine dure généralement entre 4 et 72 heures selon sa sévérité. Les symptômes incluent nausées, vomissements, photophobie (grande sensibilité à la lumière), phonophobie (grande sensibilité au son). Approximativement, un tiers des individus souffrant d'une migraine fait l'expérience d'une aura, illusion visuelle ou autre trouble d'ordre sensoriel ou moteur juste avant le mal de tête.
L’Organisation mondiale de la santé classe la maladie migraineuse au 20e rang des maladies ayant un impact sur le handicap et l’altération de la qualité de vie, et parmi les 10 premières maladies si l’on considère uniquement la population féminine. "Il est dur de savoir dans quels délais les traitements seront disponibles. On teste des médicaments, on travaille avec l’industrie", concluent les chercheurs niçois.