Vous avez tendance à faire les choses au dernier moment, à prendre la vie "comme elle vient" ? Et bien ce serait mauvais pour votre carrière ! Une étude réalisée par des psychologues de la Higher School of Economics vient en effet de prouver que ceux qui "réussissent" au travail (cadre supérieur, dirigeants…) sont ceux qui procrastinent le moins… et qui sont tournés vers le futur de leur carrière.
Analyser le "rapport au temps"
Les auteurs de l’étude, Alla Bolotova et Anastasia Chevrenidi de l'École de psychologie HSE, ont comparé trois types de données pour leur étude : les perspectives temporelles, les niveaux de procrastination et les orientations propres à la vie. L'étude a impliqué 120 participants : des cadres "moyens" et des cadres supérieurs, travaillant à Moscou. Le groupe des cadres supérieurs était âgé de 38 à 55 ans, tous diplômés et possédant 6 à 21 ans d'expérience professionnelle aux postes de direction. Le groupe des cadres moyens était âgé de 31 à 52 ans, aussi diplômés et avec 3 à 17 ans d’expérience professionnelle dans un poste de direction.
Une question de perspective temporelle
Ils ont d’abord évalué la perspective temporelle des participants, en utilisant un test développé par P. Zimbardo et J. Boyd. Les participants ont dû lire 56 phrases en rapport avec la relation au temps (par exemple : "Je pense souvent à ce que j’aurais dû faire différemment", "Je suis heureux de penser à mon passé", " Si quelque chose est destiné à se produire, cela ne dépend pas de mes actions" ou encore "Je pense que chaque matin, on devrait planifier sa journée") et indiquer si ils sont d’accord avec ou pas. Les résultats de ce premier test ont montré que les cadres supérieurs accordent généralement une grande importance aux perspectives d’avenir, tandis que les groupes de cadres intermédiaires ont une attitude plus épicurienne et comptent plus souvent sur le "destin".
Pour "mesurer" la procrastination, les chercheurs ont utilisé l'échelle de procrastination générale développée par C. Lay et adaptée par O. Vindeker et M. Ostanina. Le questionnaire comprenait 20 phrases (par exemple : "Je prends généralement les décisions le plus rapidement possible", "Je fais habituellement tout ce qui était prévu pour la journée", "Je dis toujours : je le ferai demain"). Là aussi, les participants ont dû indiquer si ces citations leur correspondaient sur une échelle de 5 points. Les résultats ont montré que le niveau de procrastination chez les cadres supérieurs est inférieur à celui du groupe des cadres intermédiaires : 53,45% contre 57,2%.
Les cadres supérieurs consacrent plus de temps à planifier
Le dernier test est celui de la finalité dans la vie (PLT) développé par J. Crumbaugh & L. Maholick et adapté par D. Leontiev. Il permet d’évaluer la "source" du sens de la vie pour une personne : dans le futur (objectif), dans le présent (processus), dans le passé (résultat) ou dans les trois composantes de la vie. Les résultats ont montré que les cadres supérieurs se concentrent plus sur le futur. Selon les auteurs de l’étude, cela montre que la planification et la construction de la carrière sont la base pour la réussite.
En effet, en examinant les résultats cumulés des trois tests, les chercheurs ont constaté une corrélation entre les niveaux de procrastination et les perspectives temporelles. Les cadres moyens procrastinent plus, mais sont aussi plus influencés par leur passé et ne prêtent pas assez attention à leur carrière future. Ils ont, selon les chercheurs, des idées plus fatalistes que les cadres supérieurs, qui, eux, ont plus de facilité à se donner des objectifs pour construire leur carrière. Les chercheurs concluent donc que les individus enclins à la procrastination sont moins capables de contrôler une situation ou de prendre des décisions.