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Cancer du sein : le tatouage ne remplace pas la reconstruction mammaire

Par Charlotte Arce

Peut-on se faire tatouer plutôt que de reconstruire le sein après un cancer ? Le Dr Jean-François Lemoine démêle le vrai du faux sur le tatouage après un cancer du sein en interviewant le chirurgien cancérologue Rémy Salmon.

Voyagerix/iStock

Avec 59 000 cas détectés et 12 000 décès recensés chaque année, le cancer du sein est à la fois le plus fréquent et le plus mortel chez la femme. Pour de nombreuses patientes touchées par la maladie, le traitement du cancer du sein est aussi, lorsqu’a lieu une mastectomie, une atteinte à leur féminité.

Privées d’un ou de leurs deux seins, les survivantes au cancer du sein sont de plus en plus nombreuses à se tourner vers le tatouage afin de se réapproprier leur corps et reconquérir leur féminité. Mais un tatouage, aussi esthétique soit-il, peut-il remplacer une reconstruction mammaire ?

Pour le Dr Rémy Salmon, chirurgien cancérologue et spécialiste du cancer du sein, le tatouage ne peut se substituer à une reconstruction mammaire. Interrogé par le Dr Jean-François Lemoine, il rappelle qu’un tatouage ne peut apporter le même volume qu’une reconstruction. "Si vous tatouez simplement, cela donnera un tatouage plat" qui risque de "s’affadir" au fil du temps.

La reconstruction mammaire via une prothèse permet, contrairement au seul tatouage de redonner l’apparence et le galbe du sein. D’où la prédilection de la reconstruction pour de nombreuses patientes, avec la mise en place d’une prothèse ou tissus (peau et muscles) sous la peau.

Quid du mamelon ? Tout comme l’aréole, il peut aussi être reconstruit à partir d’un morceau de peau ou de mamelon de la patiente, nous explique le Dr Salmon. "Il existe différentes techniques qui donnent un volume", précise le spécialiste. "En sachant qu’en reconstruisant un mamelon, cela va redonner un volume mais hélas ne pas rendre une sensibilité, ce qui est un peu décevant."

Le tatouage en 3D, une nouvelle technique pleine de promesses

Le Dr Salmon évoque aussi le tatouage 3D comme technique de reconstruction du mamelon et de l’aréole. Cette technique artistique venue des États-Unis et qui "est comme un trompe-l’œil", se veut complémentaire de la reconstruction mammaire.

En France, seul un salon ouvert par la tatoueuse Alexia Cassar, propose pour le moment de recréer mamelons et tétons aussi réalistes que possible. "La principale différence avec le tatouage de reconstruction classique ou tatouage médical, réside dans les pigments utilisés. Dans le cas du tatouage 3D de reconstruction, on utilise les mêmes pigments que ceux utilisés dans les salons de tatouage. Ce sont des pigments permanents -sûrs et surveillés- qui, à la différence des pigments médicaux labiles utilisés à l’hôpital, ou des pigments qui servent au maquillage semi-permanent en institut, ne vont pas s’estomper au fil du temps. C’est donc un acte définitif qui permet aux ex-patientes de retourner à leur vie", explique Alexia Cassar à Marie Claire.

Pour le Dr Salmon, cette technique est efficace si l’on ne souhaite pas passer par une reconstruction du mamelon, souvent douloureuse car consistant à prélever des morceaux de peau pour les greffer sur le sein. "Avec le tatouage 3D, on recrée visuellement les volumes", complète Alexia Cassar.