Antimigraineux, anti-parkinsoniens, antibiotiques… Un Français sur quatre a déjà été confronté à une pénurie de médicaments. 25% des répondants à l’enquête de France Assos Santé et de l’institut BVA se sont en effet déjà vus refuser la délivrance d’un médicament ou d’un vaccin pour cause de pénurie. Ce taux monte même à 31% pour les personnes atteintes par une affection longue durée (ALD).
"Menace potentielle pour la santé publique"
Dans plus d’un cas sur trois (36%), ces ruptures d’approvisionnement concernent des vaccins. "Au-delà du risque évident pour la santé individuelle des personnes, ces pénuries de vaccins constituent une menace potentielle pour la santé publique", rappelle Alain Michel Ceretti, président de France Assos Santé.
45% des personnes confrontées à ces pénuries ont été contraintes de reporter leur traitement, de le modifier, voire d’y renoncer ou de l’arrêter complètement. Une situation jugée anxiogène par 21% des répondants (41% pour les personnes en ALD). Avec à la clé des conséquences potentiellement graves : augmentation des symptômes dans 14% des cas, erreurs dans la prise de médicaments de substitution (4%) et plus inquiétant encore, hospitalisation nécessaire pour une personne sur vingt (4% en population générale, 5% pour les personnes en ALD).
Les industriels très largement responsables
Pour France Assos Santé, les industriels sont très largement responsables de ces pénuries, principalement dues à des stratégies financières contestables, à un désengagement de certains médicaments et à une concentration des sites de productions.
"Nous demandons aux pouvoirs publics et aux autorités de régulation de faire leur travail, et qu’enfin les politiques publiques soient harmonisées à l’échelle européenne", poursuit Alain Michel Ceretti. Les mécanismes de fixation des prix, le conditionnement et l’association de traitements et de vaccins diffèrent en effet très largement d’un pays à l’autre, entravant de fait une répartition adaptée et cohérente des produits de santé au sein de l’Union Européenne.
Une augmentation de 30% des pénuries
530 ruptures de stock de médicaments ont été signalées en 2017, dont beaucoup concernent des médicaments "d'intérêt thérapeutique majeur". C'est une augmentation de 30% des pénuries de médicaments par rapport à 2016. "Ces ruptures conduisent à des pertes de chance inacceptables pour les patients et mettent en danger la qualité et le fonctionnement de notre système de santé. Du fait de la délocalisation à l’étranger de la plupart des structures de production de médicaments, c’est l’indépendance sanitaire de notre pays qui est désormais remise en cause", déplorait déjà en octobre dernier le Sénat.