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Prendre soin de soi, prendre soin de son foie

Prévention : savoir identifier les maladies du foie avant qu'il ne soit trop tard

Par Mégane Fleury

Le foie remplit plus de 300 fonctions vitales. Sa santé est souvent négligée, pourtant il dispose de véritables défenses et d’une capacité de régénération. Voici comment mieux prévenir les maladies du foie. 

magicmine/iStock

844 millions de personnes dans le monde sont atteintes d'une maladie du foie. Chaque année, deux millions de personnes en meurent. Lors du 12e congrès international des maladies du foie (Paris Hepatology Conference) qui a eu lieu à Paris les 14 et 15 janvier 2019, des chercheurs ont rappelé l’importance de la prévention et du dépistage : ils pourraient permettre d’éviter de nombreux décès dus à des maladies du foie. 

Un organe primordial 

Le foie est l’un des organes les plus volumineux du corps humain : il mesure une vingtaine de centimètres de long. La bile qu’il produit permet la digestion des graisses, il stocke le glucose, les vitamines et les minéraux, et il fabrique des protéines : au total, il assure plus de 300 activités vitales pour l’organisme. Toutes ces fonctions peuvent être maintenues lorsque qu’une partie du foie est défaillante : un quart du foie suffit au fonctionnement normal du corps humain. Ce n’est pas la seule curiosité de cet organe. En effet, il est capable de se régénérer si on en retire une partie et de retrouver sa taille normale. 

Le foie a des pouvoirs cachés, mais ça ne l’empêche pas d’avoir ses fragilités. Si l’on consomme trop d’alcool, trop de graisses ou de sucres, cela peut provoquer des maladies du foie, comme la "maladie du foie gras", la NASH (statéo-hépatite non alcoolique) ou une cirrhose. Les hépatites B et C sont aussi des menaces, même si aujourd’hui des vaccins et des traitements permettent d’en réduire la mortalité. 

Mieux prévenir les maladies du foie 

Les médecins et chercheurs rassemblés lors de la Paris Hepatology Conference contestent qu’il existe un manque de prévention et de dépistage pour les maladies du foie : mieux les organiser permettrait d’en réduire largement la mortalité. Dans plus d’un tiers des cas, la maladie est détectée à un stade évolué, ce qui limite les possibilités de traitement. Les scientifiques appellent donc à  généraliser le diagnostic des transaminases. Ces dernières témoignent de l’inflammation des tissus du foie : si leur taux de présence dans le sang est trop élevé, cela signifie que le foie est atteint. Le professeur Patrick Marcellin, fondateur de la Paris Hepatology Conference, ajoute : "c’est un test simple, bon marché, disponible partout et dont la sensibilité, lorsqu’elle est correctement interprétée, est satisfaisante". 

Se vacciner contre l’hépatite B

L’hépatite B se transmet soit de la mère à l’enfant pendant l’accouchement, soit lors de rapports sexuels non protégés ou à cause du partage de seringues contaminées. L’évolution de la maladie la transforme en fibrose voire en cirrhose ou en cancer du foie. Un traitement existe pour bloquer l’évolution de la maladie, mais il ne permet pas de détruire le virus. La manière la plus efficace de se protéger de l’hépatite B est la vaccination. Depuis 2017, les nouveaux-nés reçoivent cette protection dans le cadre des onze vaccins obligatoires. 

L’hépatite C, une maladie trop silencieuse 

L’hépatite C dispose d’un traitement efficace à presque 100 %. L’Organisation mondiale de la santé souhaite éliminer la maladie d’ici à 2030 : l’objectif est tenable si le dépistage est amélioré. En France, par exemple, 75 000 personnes environ sont atteintes de la maladie sans le savoir. Il est possible d’en être atteint depuis 30 ans sans s’en rendre compte. 

La NASH : la maladie du foie gras 

La NASH est pour certains la maladie du siècle. Elle est due à une trop grande consommation de sucres et de graisses. Les personnes diabétiques ou en surpoids sont plus à risque : en France, en 15 ans, la part de personnes obèses atteintes est passée de 8 à 12 %. La seule manière de la soigner pour l’instant est de changer de mode de vie grâce à une alimentation plus équilibrée et de l’activité physique. Les traitements médicamenteux sont encore au stade de l’étude. 

De nouveaux traitements pour le cancer du foie

En 2018, près de 9 000 personnes sont décédées des suites d’un cancer du foie. Mais ce chiffre pourrait diminuer dans les années à venir car les traitements sont de plus en plus efficaces : les greffes de foie par exemple, ont un taux de survie à 5 ans de 80 %.

Une maladie du foie peut en provoquer une autre : 20 à 30 % des personnes atteintes d’une maladie chronique du foie développent une cirrhose, qui peut être suivie d’un cancer. Améliorer le dépistage et la prise en charge précoce pourrait permettre d’éviter chaque année 2 millions de décès à travers le monde.