Chaque année en France, 55 000 cancers du sein sont diagnostiqués. Parmi eux, 15 à 20% sont triple négatifs, soit quasiment impossible à soigner et une grande majorité concerne des femmes de moins de 40 ans. Toutefois, ces dernières années, l’arrivée de l’immunothérapie, qui vise à booster le système immunitaire du malade pour lui permettre de détruire les cellules cancéreuse a fait naître de nouveaux espoirs dans ce domaine. Gilles Freyer, cancérologue et chef de service au CHU de Lyon a répondu à nos questions.
Le cancer triple négatif est "un concept biologique : ce sont des cellules cancéreuses sur lesquelles on ne trouve pas de récepteur aux hormones. Ce qui veut dire qu’elles ne sont pas très dépendantes des hormones fabriquées par la femme donc on ne peut pas les traiter par hormonothérapie (…). On ne trouve pas à la surface des cellules la protéine HER2 qui est la grande cible d’un traitement qui s’appelle le Trastuzumab, très puissant. C’est un peu comme des tumeurs orphelines", explique-t-il en préambule.
Et malheureusement, "sur ces cancers triples négatifs, 50% peuvent être traités de façon traditionnelle, mais les autres y échappent. Et même dans les 50% qui vont être traités par la chimiothérapie, vous allez avoir une durée de contrôle de la maladie largement inférieure à un an puis les choses vont s’aggraver (…) Elles vont évoluer très vite quand elles sont métastatiques", développe-t-il.
Allier immunothérapie et chimiothérapie
Toutefois, le développement de la recherche sur l’immunothérapie depuis une dizaine d’années fait naître de nouveaux espoirs. "Le but de l’immunothérapie est de réveiller le système immunitaire endormi de la personne, de façon à ce qu’il reconnaisse quelque chose qui n’est pas lui, un corps étranger dans son organisme. Le système immunitaire devrait détruire ces tumeurs mais il ne le fait pas car elles vont fabriquer des substances qui vont l’enfumer. L’immunothérapie, c’est bloquer ces mécanismes pour réveiller le système immunitaire : on booste le système immunitaire de l’hôte", résume Gilles Freyer.
Et si cette méthode ne donne pas des résultats très probants quand elle est utilisée seule dans le traitement des cancers du sein triple négatifs, une étude présentée en octobre au congrès européen de cancérologie de Munich a montré que cette méthode combinait à une chimiothérapie classique présentait "un bénéfice très fort chez des personnes qui vivent plus de deux ans avec ce type de traitement et ça peut être encore plus long que ça", s’enthousiasme le médecin.
Et de conclure : "on attend l’amélioration de ces traitements mais surtout qu'on ait vraiment des très longues survivantes, qui soient toujours vivantes sans évolution de la maladie après deux, trois, cinq ans et plus".
A l’heure actuelle, en France, une équipe de l’Inserm travaille également à mettre au point une radio-immunothérapie pour traiter les cancers du sein triple négatifs. Les expériences devraient très bientôt commencer sur des chiens. "La radio-immunothérapie consiste à administrer des anticorps capables de reconnaitre la tumeur et équipés d’une molécule radioactive qui irradie les cellules cancéreuses et les élimine. Le produit est injecté par voie sanguine et circule dans l’organisme ce qui permet de lutter à la fois contre la tumeur primaire et les métastases", est-il expliqué sur le site de la fondation Arc pour la recherche sur le cancer qui finance ces travaux.