ACCUEIL > QUESTION D'ACTU > Certains jeunes ne veulent pas d'enfants, mais la société a du mal à l'accepter

"Child free"

Certains jeunes ne veulent pas d'enfants, mais la société a du mal à l'accepter

Par Léa Drouelle

Même s'ils restent minoritaires, de plus en plus de jeunes Français choisissent de ne pas faire d'enfant. Par militantisme écologiste ou tout simplement parce qu'ils ne ressentent pas le désir de devenir parents. 

jacoblund

On les appelle les "No Kids" ou les "Child free". Ou en Français, ceux qui ne souhaitent pas avoir d’enfant. Minoritaires en France, ils sont environ 5% à ne pas en vouloir, selon une enquête de l’Institut national d'études démographiques dévoilée en 2014.

Le mouvement "Child free" est né aux États-Unis, dans les années 70. Il signifie "libre d’enfants" et non "sans-enfants", afin de souligner la notion de choix (et non de fatalité) de ces couples qui ne souhaitent pas se reproduire. 

"On a pas à poser la question"

Si certains avancent une prise de conscience liés au contexte actuel et les menaces qui pèsent sur notre pays (chômage, terrorisme), d’autres en revanche expliquent tout simplement n’avoir jamais ressenti le "besoin de devenir parents". Une réponse encore très peu acceptée au sein de notre société, à une époque où l’injonction familiale et médicale de se reproduire reste très présente.

Comme l’a expliqué Charlotte Debest, autrice de l'ouvrage Le choix d'une vie sans enfant à Néon Magazine : "La première manière d’accepter le phénomène, c’est de se dire qu’on n’a pas à poser la question. On accepte des arguments très flous de la part des personnes qui en veulent. Si l’on demande aux personnes de se justifier, c’est que l’on considère que ce n’est pas normal. En effet, répondre à la question "Pourquoi vous ne voulez pas d’enfant ?", revient à se justifier, alors même qu’il ne nous viendrait jamais à l’esprit de demander aux parents pourquoi ils ont choisi d’avoir des enfants. 

Ne pas faire d'enfant pour préserver la planète ? 

Quand il s’agit de l’argument écologique, en revanche, la question vaut la peine d’être posée puisqu’elle soulève une prise de conscience environnementale et politique.

En France, on appelle les adeptes de cette décision les "Ginks" (Green Inclined no Kids) ce qui en français signifie, "Écolo, pas d’enfants". Ces femmes font le choix de ne pas avoir d’enfants afin de limiter leur empreinte carbone et de ne pas contribuer à l’épuisement des ressources naturelles. 

Selon une étude publiée dans la revue Environmental Research Letters en octobre 2018, avoir plusieurs enfants augmente significativement l'empreinte carbone, encore plus que de rouler en voiture à essence ou de réaliser un vol transatlantique.

Ces estimations se basent sur la surconsommation qu'entraîne une naissance (couches, vêtements, jouets, etc...), bien que celle-ci soit surtout liée à celle de ses parents. En principe, ce n'est donc pas de faire moins d'enfants, mais plutôt de changer drastiquement notre mode de consommation, qui pourra faire une vraie différence.

Les effets délétères du réchauffement climatique

En octobre dernier, des scientifiques du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) ont publié un rapport pour alerter sur l'urgence (moins de deux ans) de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Début novembre, la revue scientifique The Lancet a rappelé les conséquences néfastes du réchauffement climatique sur la santé

À titre d'exemple, le nombre de personnes affectées par les vagues de chaleur entre 2000 et 2016 a augmenté d'environ 125 millions, atteignant un record de 175 millions de personnes exposées en 2015. Les conséquences pour la santé sont multiples : coup de chaleur, aggravation de l’insuffisance cardiaque ou rénale etc.