Dans les populations européennes, la mutation « HFE p.C282Y » est la principale cause du syndrome de surcharge en fer de l’hémochromatose héréditaire de type 1. La surcharge en fer et ses complications sont cependant évitables ou peuvent être traitées en recourant à des saignées régulières (non, non, elles n'ont pas disparues avec Molière). Mais le diagnostic de cette maladie est difficile et il est souvent tardif, à un stade où il existe déjà des complications.
Dans une biobanque européenne (UK Biobank), un homme sur 5 porteur de la mutation homozygote p.C282Y (mutation sur les 2 chromosomes) a une complication clinique liée à la surcharge en fer, par rapport à ceux sans mutations p.H63D (survenue à un âge moyen de 63,8 ans).
Chez les femmes, une complication est développée chez seulement une femme sur 10 porteuse de la mutation. Cette étude est parue dans le BMJ.
Etude génétique
L’étude a été réalisée sur une biobanque anglaise (UK Biobank) comprenant 451 243 volontaires, âgés de 40 à 70 ans, et suivi jusqu’à 9,4 ans. Dans cette population, 2890 personnes sont finalement homozygotes pour l’anomalie p.C282Y (anomalie sur les 2 chromosomes paternel et maternel). Cela correspond à une fréquence de 1 personne sur 156 en population générale, ce qui confirme qu’il s’agit de la maladie génétique la plus fréquente.
Une hémochromatose n’a cependant été diagnostiquée que chez 21,7% des hommes et 9,8% des femmes à la fin du suivi (intervalle de confiance de 95% : 19,5% à 24,1%, 281/1294). Les hommes homozygotes pour la mutation p.C282Y ont une fréquence plus élevée d'hémochromatose diagnostiquée que ceux qui n’ont pas la mutation (n = 175 539).
Principales complications
Lorsque l’on regarde la fréquence des complications de cette maladie de surcharge apparaissant au cours de l’évolution chez les porteurs homozygotes de l’anomalie.
Il s’agit essentiellement d’une maladie du foie (cirrhose) (4,30, 2,97 à 6,18, p <0,001), d’un diabète sucré (1,53, 1,16 à 1,98, P = 0,002), d’une polyarthrite rhumatoïde (2,23, 1,51 à 3,31, P <0,001) ou d’une arthrose (2,01, 1,71 à 2,36, P <0,001).
Sous-estimation des complications
Des études antérieures avaient montré que, dans l’hémochromatose, moins de 1% des personnes porteuses de la mutation homozygotes p.C282Y développaient une hémochromatose clinique franche, c’est-à-dire avec des complications (faible pénétrance). Cependant, dans cette Biobanque européenne, une hémochromatose clinique a finalement été diagnostiquée chez 21,7% des homozygotes de sexe masculin p.C282Y et chez 9,8% des femmes homozygotes de p.C282Y, à la fin du suivi.
Ces taux de diagnostic sont comparables à ceux d’une autre biobanque américaine, menée dans sept centres médicaux nord-américains (âge moyen de 61,5 ans). Cependant, dans cette dernière, à l’âge de 90 ans, ce sont près de 50% des hommes et 25% des femmes qui sont diagnostiqués avec une hémochromatose clinique, témoignant de l’évolution avec l’âge et d’une sous-évaluation importante du risque de complications chroniques.
Un diagnostic au stade des complications
L'hémochromatose héréditaire se caractérise par une accumulation de fer dans les organes et son tableau clinique comprend classiquement la cirrhose du foie, le diabète et des modifications de la couleur de la peau, mais le diagnostic est généralement réalisé devant une fatigue chronique ou une arthropathie.
Il existe aussi un risque d’infarctus, d’infections et le génotype p.C282Y est également associé à des taux de cholestérol à lipoprotéines de basse densité plus bas.
La 1ère maladie génétique en fréquence
L'hémochromatose héréditaire est une maladie liée à une surcharge en fer. Il s’agit de la maladie génétique la plus répandue chez les personnes d'ascendance européenne. L’hémochromatose héréditaire de type 1 est principalement imputable à deux mutations du gène HFE : 95% des personnes atteintes ont une mutation sur le gène p.C282Y (p.Cyst282Tyr) et 4% ont le génotype p.C282Y/p.Hist63Asp1.
La variante p.C282Y est présente dans 10-15% des populations d’ascendance nord-européenne, environ 1/150 personnes étant des homozygotes et la prévalence du génotype la plus élevée enregistrée est en Irlande et en Grande-Bretagne.