Ce mardi 22 janvier, une manifestation s’est organisée place de la République à Paris pour dénoncer le manque de moyens en psychiatrie. Plusieurs collectifs de patients et de soignants du secteur de la santé mentale sont à l’origine du mouvement, comme l'Union syndicale de la psychiatrie (USP), les syndicats SUD et CGT ou encore le Collectif 39.
Banalisation des pratiques d'isolement
Ils alertent par exemple sur la "banalisation des pratiques d'isolement et de contention qui se sont multipliées au cours des vingt dernières années", et militent pour améliorer les conditions de soins et de travail. L’idée est aussi de permettre la convergence des nombreuses grèves qui ont lieu dans différents hôpitaux, comme récemment à Amiens, Rouen ou au Havre. A l’heure actuelle, une dizaine d’hôpitaux psychiatriques connaissent des mouvements suivis de mobilisations.
"On veut suffisamment de personnels pour pouvoir écouter les patients et éviter des situations dramatiques où l'on se retrouve contraints de les enfermer, de les contentionner", affirme dans Le Figaro Oriane Cayard, infirmière au GHU Paris psychiatrie et neurosciences."Quand j'ai commencé en psychiatrie il y a 14 ans, les conditions n'étaient déjà pas top, mais je connaissais les patients, ils me connaissaient, j'arrivais à anticiper les situations de crise. Maintenant on n'arrive plus à retenir leur nom de famille", critique-t-elle.
Des postes de psychiatres non pourvus
Cela fait longtemps que la situation des soins psychiatriques est jugée comme catastrophique en France. La ministre de la Santé Agnès Buzyn a d’ailleurs accordé 50 millions d'euros supplémentaires au secteur en début d’année, et doit donner des indications sur la stratégie de développement à tenir lors d'une réunion jeudi prochain.
"Plus de 25% des postes de psychiatres dans les hôpitaux ne sont pas pourvus. Les 50 millions d'euros promis par la ministre de la Santé risquent de n'être qu'une paille tant la situation est tendue et dramatique", a déclaré le président de l'USP Pascal Boissel dans Libération.
La parole se défait
"La parole, qui devrait être le premier outil de soin à l'hôpital psychiatrique, se défait", synthétise aussi Pinel en lutte."On nous demande de plus en plus de paperasse, de chiffres qui n'ont pas de sens", indique encore à l'AFP l'une de ses membres, la psychologue Isabelle Basset. "On ne soigne pas un schizophrène comme on soigne une jambe cassée, ce n'est pas quantifiable", se désole-t-elle. Entre 1976 et 2016, le nombre de lits de psychiatrie générale à l'hôpital a baissé de 60%.