En novembre dernier, He Jiankui provoque la colère de milliers de scientifiques à travers le monde : ce chercheur chinois venait d’annoncer avoir modifié l’ADN de deux jumelles pour les rendre résistantes au virus du sida. Les autorités chinoises ont publié, lundi 21 janvier, les premières conclusions de leur enquête : elles confirment l’existence de ces deux petites filles et affirment qu’une deuxième grossesse est en cours.
Une enquête préliminaire sur les bébés déclarés "génétiquement modifiés" montre que le chercheur chinois He Jiankui a défié les interdictions du gouvernement, et mené ses recherches en quête de notoriété et de profits personnels.https://t.co/gZHsfhCgIm pic.twitter.com/kOVHRHqj9l
— Chine Nouvelle (@XHChineNouvelle) 21 janvier 2019
He Jiankui, le scientifique auteur de ces manipulations génétiques, avait déclaré l’existence de ces deux jumelles, les premiers bébés génétiquement modifiés, lors du Sommet mondial de l’édition du génome humaine à Hong Kong. En Chine et à travers le monde, les scientifiques ont vivement réagi à cette annonce déclarée tantôt "choquante", tantôt "monstrueuse".
Un chercheur en quête de gloire et de fortune
A l’époque, aucune de ces réactions n’avait véritablement atteint le chercheur : il a confirmé sa fierté d’être parvenu à ces résultats. L’enquête de police en cours va permettre de vérifier les faits, qui pour l’heure n’ont été confirmés par aucun organisme, et publiés seulement par le chercheur lui-même. D’après les premières conclusions, He Jiankui a réalisé ces expérimentations afin de satisfaire sa "recherche de gloire personnelle et de fortune".
Les policiers révèlent qu’il a financé lui même ses recherches grâce à des sociétés liées aux biotechnologies et au séquençage du génome qu’il avait créées auparavant. Dès juin 2016, il aurait recruté des personnels étrangers pour constituer une équipe de recherche et utilisé des "technologies à la sécurité et à l’efficacité douteuses".
La technique des ciseaux génétiques
Entre mars 2017 et novembre 2018, huit couples se sont portés volontaires pour participer à l’expérience. Les deux jumelles ont été conçues par fécondation in vitro : avant de l’implanter, le chercheur a modifié l’embryon en utilisant la technique des "ciseaux génétiques", appelées CRISPR-Cas9. Elle consiste à enlever et remplacer certaines parties du génome, jugées indésirables. Dans le cas des deux jumelles, le gène CCR5 a été désactivé pour empêcher le VIH d’infecter les cellules. La communauté scientifique n’hésite pas à affirmer que le chercheur a franchi une "ligne rouge" : la modification du génome humain reste mystérieuse et potentiellement dangereuse puisqu’elle peut se transmettre entre générations et modifier tout le patrimoine génétique.
La femme enceinte et les deux jumelles vont être placées sous surveillance médicale. Quant à He Jiankui, il vit aujourd’hui reclus, et entouré d’une douzaine de gardes.