L’Anses a publié ce mercredi son évaluation des risques liés aux substances chimiques présentes dans les couches pour bébé, et elle n’est pas bonne. Les experts en santé publique ont mis en évidence des dépassements de seuils sanitaires pour plusieurs substances toxiques. Il s’agit de "substances parfumantes (butylphényl méthyle propional ou lilial®, hydroxyisohexyl 3-cyclohexène carboxaldéhyde ou lyral®), certains hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), le PCB-126, la somme des PCB-DL et la somme des dioxines, furanes et PCB-DL".
"On ne peut pas exclure un risque"
La majorité des bébés en France porte des couches à usage unique, ce qui représente environ 4000 couches utilisées au cours des trois premières années de leur vie. De ce fait, les substances toxiques peuvent migrer dans l’urine des enfants et entrer en contact prolongé avec leur peau, provoquant notamment des allergies.
Afin d’être le plus réaliste possible, "on calcule une quantité absorbée en fonction du temps de port de couche, du nombre de couches portées par les bébés, jusqu'à 36 mois, et on compare à des valeurs toxicologiques de référence pour chacune des substances", explique dans LCI Gérard Lasfargues, directeur général délégué du pôle Sciences pour l'expertise de l'Agence nationale de sécurité sanitaire. "On ne peut pas exclure un risque (...) puisqu'on observe un dépassement des seuils sanitaires pour un certain nombre de substances", ajoute-t-il.
Les fabricants convoqués à Bercy
Au regard des risques que peuvent présenter ces substances pour la santé des bébés, l’Anses recommande de les éliminer ou de réduire au maximum leur présence dans les couches jetables, de renforcer le contrôle de ces substances dans les couches mises sur le marché et de mettre en place un cadre réglementaire plus restrictif encadrant ces produits. Des directives reprises par le gouvernement. "Les ministres exigent des fabricants et des distributeurs qu'ils prennent avant 15 jours des engagements pour éliminer ces substances des couches pour bébé", explique un communiqué officiel. Les fabricants ont été convoqués mercredi matin à Bercy.
L’expertise de l’Anses s’est appuyée sur des analyses et essais menés par le Service commun des laboratoires (SCL) et l’Institut national de la consommation (INC) entre 2016 et 2018 sur plusieurs références de couches représentatives du marché français.
Glyphosate, pesticides, COV
Deux enquêtes de 60 millions de consommateurs avaient déjà mis en évidence que certaines marques de couches pour bébé contenaient des produits dangereux pour la santé. On parlait alors de glyphosate, de pesticides, de dioxines et de composés organiques volatils ou halogénés (COV), présents en 2017 dans le leader du secteur Pampers, et en 2018 chez Mots d’enfant, la marque des supermarchés E. Leclerc, Love & Green, Lotus Baby, Pommette ou encore Lillydoo.
Si les teneurs de substances indésirables sont très faibles dans ces couches, le risque sanitaire "ne peut être écarté", estimait comme l'Anses 60 millions de consommateurs, car "les nourrissons sont également exposés aux glyphosates et aux COV via d'autres sources".