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Saignements

L’aspirine en prévention du risque cardiovasculaire : un pari risqué

Par Mathilde Debry

La prise régulière d'aspirine diminue le risque de crises cardiaques et d'accidents vasculaires cérébraux, mais augmente celui de faire une hémorragie. Il faut donc bien évaluer le rapport bénéfice/risque. 

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Une nouvelle étude du Journal of the American Medical Association (JAMA) a révélé que la prise régulière d'aspirine pour prévenir les crises cardiaques et les accidents vasculaires cérébraux (AVC) peut entraîner une augmentation du risque de près de 50% lors de saignements majeurs. On parle ici essentiellement de saignements digestifs (ulcères), mais il peut y avoir des hémorragies ailleurs, y compris dans le cerveau.

Une discussion entre le patient et son médecin

Il faut donc doser correctement ce traitement en évaluant bien le rapport bénéfices/risques. "L'utilisation de l'aspirine nécessite une discussion entre le patient et son médecin, en sachant que le tout petit bénéfice cardiovasculaire potentiel est mis en balance avec le risque réel de saignement sévère", peut-on lire. Cette étude a examiné les résultats d'essais auxquels ont participé plus de 1 000 participants sans antécédents connus de maladies cardiovasculaires. Certains ont pris de l’aspirine, un placebo ou rien du tout.

L'utilisation de l'aspirine a été associée à une baisse de 11% du risque d'événements cardiovasculaires, et à 43% de saignements majeurs. Le Dr Sean Zheng, auteur principal de l’étude, analyse les résultats comme suit : "il n'y a pas suffisamment de preuves pour recommander l'utilisation systématique de l'aspirine dans la prévention des crises cardiaques, des accidents vasculaires cérébraux et des décès d'origine cardiovasculaire chez les personnes en bonne santé".

Incertitude

Il ajoute : "il y a plus d'incertitudes quant à ce qui devrait être fait chez les patients à risque élevé de maladies cardiovasculaires et chez les patients diabétiques. Cette étude montre que même si les problèmes cardiovasculaires peuvent être réduits chez ces patients, ces avantages s'accompagnent d'un risque accru d'événements hémorragiques majeurs".

Un cachet d'aspirine par jour pourrait aussi favoriser les chances de survie de patients atteints de cancer, selon une autre métanalyse de 71 études médicales. "L'utilisation de l'aspirine à faible dose comme traitement préventif des maladies cardiaques, des accidents vasculaires cérébraux et du cancer est bien établie, mais il est maintenant prouvé que le médicament pourrait aussi jouer un rôle important dans le traitement supplémentaire du cancer", explique Peter Elwood, professeur à l'Université de Cardiff et auteur principal de l'étude.