Des scientifiques ont trouvé le siège de la "douleur émotionnelle" dans le cerveau, ce qui promet des avancées importantes dans le traitement de cette affliction. Les scientifiques parlent de "douleur corporelle" et de "douleur émotionnelle". Elles ne sont pas nécessairement proportionnelles, et donc en théorie dissociables.
Une épine de rose dans un doigt est par exemple quasiment indolore une fois la piqûre passée, et pourtant l’infection qu’elle provoque peut mener à l’amputation, car la personne commence à avoir vraiment mal quand c’est trop tard. "Bien que les stimuli douloureux soient détectés par les nerfs, cette information ne signifie rien sur le plan émotionnel jusqu'à ce qu'elle atteigne le cerveau, alors nous avons entrepris de trouver les cellules cérébrales qui déclenchent la douleur", explique le directeur de l’étude Gregory Scherrer (Stanford).
"L’interrupteur" de la douleur émotionnelle
L'amygdale est apparue aux chercheurs comme un point de départ logique, puisqu'il s'agit du centre désormais bien connu des émotions. Ces derniers ont recherché dans l'amygdale de souris, les neurones actifs pendant une brève stimulation de la douleur, via une goutte d'eau chaude versée sur une patte.
Après ce stimulus, une mer de neurones exprimant un gène spécifique appelé "c-Fos" a alors déferlé dans l'amygdale. Ce serait "l’interrupteur" de la douleur émotionnelle. "La recherche sur ce groupe de cellules pourrait déboucher sur un traitement de la douleur chronique", espèrent les scientifiques, soulignant que les cerveaux des souris sont proches de ceux des humains.
8,4 millions de Français pourraient moins souffrir
La douleur est mal prise en charge en France. Près d’un Français sur d’eux (46%) déclare vivre avec des douleurs sans prise en charge adaptée et 35% estiment que leurs douleurs ont un impact important sur leur bien-être au travail et leur vie privée. Au moins 12 millions de personnes souffrent de douleurs chroniques, et "70% de ces 12 millions de patients ne reçoivent pas un traitement approprié", dénonçaient déjà l’année dernière les spécialistes réunis au sein de la Société française d'étude et de traitement de la douleur (SFETD). Autrement dit, 8,4 millions de Français pourraient moins souffrir s'ils étaient mieux pris en charge.
Les patients, trop taiseux sur le sujet, sont les premiers en cause. 63% des Français déclarent ainsi avoir souffert de douleurs ces six derniers mois sans en parler à leur médecin ou leur pharmacien. Ils considèrent que leur douleur "n’est pas grave" (75%), qu’elle est mineure (71%), qu’ils veulent éviter de prendre trop de médicaments (58%) ou encore qu’ils n’aiment pas consulter trop souvent les médecins (51%). Dans le même temps, 43% expriment un sentiment de culpabilité par rapport à ces douleurs associées à leurs activités.