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Maladies mentales

Une exposition au plomb pendant l’enfance a des effets néfastes sur la santé mentale à l’âge adulte

L’accumulation de plomb dans l’organisme pendant l’enfance exposerait à un risque accru de maladie mentale à l’âge adulte, et serait aussi lié à un quotient intellectuel plus bas.

Une exposition au plomb pendant l’enfance a des effets néfastes sur la santé mentale à l’âge adulte Aria Pearlilla/iStock




Première cause des cas de saturnisme chez les enfants, l’exposition au plomb n’est pas sans conséquence sur la santé mentale et le développement intellectuel.

C’est ce que met en lumière une nouvelle étude menée par des chercheurs de l’Université de Duke, en Caroline du Nord, et dont les résultats viennent d’être publiés dans JAMA Psychiatry. Selon son auteur principal, Aaron Reuben, étudiant de 3e cycle en psychologie clinique, une exposition élevée au plomb est non seulement lié à des problèmes de comportement, à une hyperactivité et à un comportement antisocial pendant l’enfance, mais peut aussi exposer à la maladie mentale à l’âge adulte.

Dans de précédentes recherches, la même équipe avait déjà montré qu’une exposition à des niveaux élevés de plomb pendant l’enfance était liée à un QI bas et à un statut social inférieur à l’âge adulte. Ces nouveaux travaux viennent conforter la preuve que "les effets du plomb peuvent durer très longtemps, dans ce cas trois à quatre décennies", explique Jonathan Schaefer, co-auteur de l’étude et lui aussi étudiant de 3e cycle en psychologie clinique à l’Université de Duke.

Une augmentation des troubles psychiatriques à l’âge adulte

Pour cette nouvelle étude, les chercheurs ont suivi plus de 1 000 personnes nées entre 1972 et 1973 à Dunedin, en Nouvelle-Zélande, pays où les niveaux de plomb dans l’essence étaient parmi les plus élevés au monde. Ils ont par la suite régulièrement soumis les participants à des évaluations de santé physique et mentale.

Les auteurs de l’étude ont notamment mesuré les taux de plomb dans le sang - en microgrammes par décilitre de sang (µg / dL) - lorsque les participants avaient 11 ans. 94% des participants avaient des taux de plomb dans le sang supérieurs à 5 µg / dL, seuil qui déclenche aujourd’hui un suivi clinique.

"Ce sont des données historiques datant d'une époque où les concentrations de plomb de ce type étaient considérées comme normales et non dangereuses pour les enfants, la plupart des participants à notre étude n'ont donc jamais reçu de traitement pour la toxicité du plomb", explique Terrie Moffitt, co-auteur de l’étude et professeur de psychologie et de neurosciences à l’Université de Duke.

L’équipe de chercheurs a également évalué la santé mentale et la personnalité des participants à différents moments de leur vie, le plus récemment à l’âge de 38 ans. Les critères diagnostiques ou symptômes étaient associés à onze troubles psychiatriques différents : dépendance à l'alcool, au cannabis, au tabac ou aux drogues dures, mais aussi trouble des conduites, dépression majeure, trouble anxieux généralisé, craintes et phobies, trouble obsessionnel-compulsif, manie et schizophrénie. Tous ces troubles ont servi à calculer une seule mesure de la santé mentale, appelée le facteur psychopathologique, ou "facteur p".

Plus le score du "facteur p" d'une personne est élevé, plus le nombre et la gravité des symptômes psychiatriques sont élevés. Les effets du plomb sur la santé mentale mesurés par le score du "facteur p" sont à peu près aussi importants que ceux du QI, affirment les chercheurs. "Si vous vous inquiétez de l'impact de l'exposition au plomb sur le QI, notre étude suggère que vous devriez probablement vous aussi vous préoccuper de votre santé mentale", insiste Avshalom Caspi, co-auteur des travaux.

Par ailleurs, en interrogeant les membres de la famille et les amis des participants, les chercheurs ont noté que ceux ayant été exposés à des niveaux élevés au plomb étaient jugés plus névrosés, moins agréables et moins consciencieux que leurs pairs moins exposés. 

Pour les auteurs de l’étude, ces résultats suggèrent qu’il faut non seulement prendre en compte les conséquences à court terme de l’exposition au plomb chez les enfants, mais aussi celles à long terme, dans plusieurs décennies. Désormais, l’équipe scientifique cherche à savoir si l’exposition au plomb pourrait être liée au développement de maladies tardives comme la démence ou les maladies cardiovasculaires.

Selon l’OMS, l’intoxication au plomb est responsable de 143 000 décès chaque année et de 600 000 nouveaux cas de déficience intellectuelle.

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