Serveurs, gérants, hospitaliers, ouvriers… Selon une enquête de l'INRS, de plus en plus d'employeurs se réorganisent pour éviter le travail de nuit, très dangereux pour la santé. "Tous les humains expriment des rythmes circadiens d’environ 24 heures", résume pour l’INRS Laurence Weibel, chronobiologiste et chargée de prévention à la Carsat Alsace-Moselle.
Horloges internes
Elle explique : "l’alternance jour-nuit synchronise les différentes horloges internes de l’organisme qui régulent de multiples phénomènes physiologiques : production de mélatonine qui a lieu exclusivement la nuit, température corporelle au plus bas vers 5 h-6 h du matin, pression sanguine maximale vers 18 h, baisse de régime en début d’après-midi... Une exposition inadaptée à la lumière aura des répercussions sur les horloges internes, donc sur les fonctions biologiques qu’elles gouvernent."
L’Anses a ainsi résumé les dangers du travail de nuit, indiquant que : les effets sur la somnolence, la qualité de sommeil et la réduction du temps de sommeil total, et le syndrome métabolique sont avérés ; les effets sur la santé psychique, les performances cognitives, l’obésité et la prise de poids, le diabète de type 2 et les maladies coronariennes (ischémie coronaire et infarctus du myocarde) sont probables ; les effets sur les dyslipidémies (concentrations trop élevées de certains lipides dans le sang), l’hypertension artérielle et les accidents vasculaires cérébraux ischémiques, sont possibles. Il existe aussi des éléments en faveur d’un excès de risque de cancers associé au travail de nuit, notamment du sein, qui serait dû aux perturbations des cycles biologiques.
"Les gens trouvent leur compte dans le travail de nuit"
Face à de tels risques, Marie-Anne Gautier, médecin du travail et experte de l'INRS, indique à l’AFP qu’il ne faut plus "mettre en place le travail de nuit. Ou se demander si c'est vraiment nécessaire". Car il y a, selon Laurence Weibel, une "difficulté à faire de la prévention sur un travail dont les effets sont différés dans le temps. Les gens trouvent leur compte dans le travail de nuit, entre la rémunération supplémentaire non négligeable, l'éventuel surcroît de congés et la disponibilité en journée, qui attire notamment de nombreux parents".
Selon la Dares (Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques), plus de 40% des Français sont concernés par le travail en horaires atypiques (soirée, week-end, journée fractionnée), soit plus de dix millions de personnes. Le travail de nuit, qui correspond à tout travail effectué entre 21 h et 6 h, concerne 3,5 millions de Français.