Vouloir manger sain est a priori une bonne idée, sauf quand cela devient obsessionnel. Depuis la fin des années 1990, des chercheurs ont identifié l’orthorexie, un trouble alimentaire lié à l’obsession d’une alimentation saine et d’ingrédients de bonne qualité. Dans certains cas, elle peut provoquer des troubles physiologiques ou physiques.
Pas de reconnaissance officielle
En 1997, le médecin américain Steven Bratman décrit pour la première fois l’orthorexie. Le mot vient du grec "ortho" qui signifie droit et "orexia" qui signifie appétit. Steven Bratman définit dix critères pour détecter le risque d’orthorexie, parmi eux : le fait de consacrer plus de trois heures par jour à se préoccuper de son alimentation, attacher plus d’importance aux vertus présumées des aliments qu’au plaisir qu’ils procurent, ou encore une culpabilité intense si on déroge aux règles que l'on s'est fixées. Depuis les publications sur le sujet se sont multipliées, mais la maladie n’est toujours pas reconnue officiellement comme un trouble du comportement alimentaire. De nombreux médecins utilisent néanmoins ce terme pour définir les comportements de leurs patients. Chez ces derniers, la maladie est très souvent liée à une angoisse de la maladie et de la mort.
Entre 5 et 10 % de la population
Il est difficile de déterminer combien de personnes sont concernées par la maladie : sa fréquence dans la population générale serait comprise entre 5 et 10 %. Pour des populations particulières, cela pourrait concerner jusqu’à 50 % des individus. Une étude publiée dans BMC Psychiatry en 2018 s’est intéressée aux étudiants : 17 % d’entre eux seraient susceptibles d’être un jour atteints d’orthorexie.
"Je ne peux plus manger un fruit ou légume non bio"
Sur un forum, une jeune fille atteinte d’orthorexie témoigne : "Maintenant je ne peux plus manger un fruit ou légume non bio, plus manger quelque chose cuit dans du beurre (mais je rajoute de l'huile bio après par-dessus), je ne mange que ce qui est cuit à basse température, pas de féculents non complets, je mange des oléagineux alors que je n'aime pas ça, je ne sors pas aux heures de pointe pour faire les courses car (...) par exemple à 17h, il y a trop de circulation donc trop de pollution, etc". Dans d’autres témoignages, des personnes confient manger uniquement des fruits cueillis depuis quelques minutes, mâcher plusieurs dizaines de fois chaque aliment, etc.
Le risque de l’isolement
L'un des risques de la maladie est d’être victime de carences à force d’éliminer des aliments jugés mauvais. Cette obsession du sain peut provoquer un isolement dangereux. D’après l’association Autrement, qui vient en aide aux personnes atteintes de désordres alimentaires, ce trouble peut conduire à une dégradation de la vie familiale, affective et sociale. Pour soigner ce trouble, la quasi totalité des chercheurs estime qu’un suivi psychologique ou diététique par un professionnel de santé suffit.