ACCUEIL > QUESTION D'ACTU > Obésité, dénutrition et changement climatique : des experts font le lien

Trois phénomènes liés

Obésité, dénutrition et changement climatique : des experts font le lien

Par Virginie Galle

Un collectif de 43 experts appellent à encadrer les "multinationales de la nourriture et de la boisson focalisées sur les profits", et à agir contre l'obésité, la dénutrition et le changement climatique.

Delpixart / istock.

Obésité et dénutrition pourraient s’aggraver avec le changement climatique, selon un nouveau rapport du Lancet. "Ces 20 dernières années, obésité, dénutrition et changement climatique ont été considérés séparément et la lenteur des réponses politiques est inacceptable", expliquent les experts. Après trois ans d’enquête, ils poussent un cri d’alarme : "ces trois phénomènes interagissent : le système alimentaire est non seulement responsable des pandémies d'obésité et de dénutrition, mais génère aussi 25 à 30% des émissions de gaz à effet de serre".

"Il faut prendre conscience de ces connexions"

Ce document, engagé, est le prolongement d'une première étude consacrée au lien entre alimentation et protection de l’environnement, parue le 17 janvier dans la même revue. On pouvait y lire qu’il fallait, pour rester en bonne santé et préserver la planète, diminuer de moitié la consommation mondiale de viande rouge et de sucre industriel tout en doublant celle de fruits, des légumes ainsi que des noix.

"Sous-alimentation et obésité vont sans doute être considérablement aggravés par le changement climatique", poursuivent les scientifiques. Causées par le réchauffement, les sécheresses peuvent par exemple non seulement priver certaines populations de nourriture mais aussi faire monter le prix des fruits et légumes, ce qui favoriserait la consommation d'aliments industriels. "Il faut prendre conscience de ces connexions", appelle le professeur Corinna Hawkes, l'une des auteurs du rapport.  

Encadrer les "multinationales de la nourriture et de la boisson

Pour faire face, le collectif invite à encadrer les "multinationales de la nourriture et de la boisson focalisées sur les profits", comme c'est le cas avec les multinationales du tabac. Ce sont, toujours pour ces 43 experts issus de 14 pays, les principaux responsables des dérives du système alimentaire mondial.

Une réponse globale adéquate combinerait la mise en place de politiques de santé publique (promotion de l'activité physique, recommandations en faveur de régimes alimentaires sains...) et des politiques budgétaires et fiscales (taxes pour faire baisser la consommation de viande rouge, financement de modes de production durables...).

En 2017, 815 millions de personnes se couchaient le ventre vide, un chiffre en augmentation par rapport aux 777 millions de personnes recensées en 2015. En parallèle, le nombre de cas d’obésité a presque triplé depuis 1975. En 2016, plus de 1,9 milliard d’adultes étaient en surpoids. Sur ce total, plus de 650 millions étaient obèses. Dénutrition et obésité sont le vecteur de multiples pathologies, dont certaines sont mortelles.