La sédentarité va-t-elle finir par nous ruiner la santé ? C’est en tout cas l’accablant constat émis par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Dans un récent rapport, l’OMS pointe les effets néfastes de nos modes de vie sédentaires, qu’elle accuse d’être à l’origine de 3,2 millions de décès chaque année dans le monde.
Parmi les endroits où l’on se trouve inévitablement assis une bonne partie de la journée se trouvent nos lieux de travail. Face à la menace pesant sur la santé des travailleurs du monde entier, des chercheurs se sont penchés ces dernières années sur des solutions concrètes pour nous extirper de notre siège de bureau. Parmi les pistes envisagées, se trouvent notamment les stations de travail debout, mais aussi, plus innovantes, celles permettant de marcher, de courir ou de faire du vélo tout en pianotant sur son ordinateur ou en menant une réunion.
Et ce sont ces versions "actives" de la chaise de bureau qui seraient à privilégier, si l’on en croit une nouvelle étude publiée en ligne dans Occupational & Environmental Medicine. Selon ses auteurs, les postes de travail sur vélo et tapis de course sont des alternatives "plus saines" à la simple station de travail debout car "leur utilisation semble être associée à de plus grands changements physiologiques positifs dans le corps".
Des avantages pour la santé et la productivité
Pour mesurer l’impact sur la santé de ces alternatives au siège de bureau et la productivité, les chercheurs ont fouillé dans des bases de données comparant au moins deux stations de travail debout, sur vélo et sur tapis roulant. Douze études ont finalement été sélectionnées, avec des résultats portant sur les effets sur les muscles et la physiologie (fréquence cardiaque moyenne, tension artérielle, tolérance à la douleur, performance cognitive…), les vitesses de traitement, l’attention la mémoire à court terme.
Après analyse des données, les chercheurs ont constaté que tous les types de postes de travail étaient associés à une augmentation de la productivité à court terme. Cependant, les postes pour courir et faire du vélo semblaient, en plus, associés à des changements physiologiques à court terme plus importants que les versions debout. "Cela pourrait être mieux pour la santé à long terme", suggèrent les auteurs de l’étude.
En effet, les stations de travail sur tapis roulant mobilisent davantage l’activité musculaire du haut du corps par rapport aux versions debout. Tout comme les stations de travail cyclistes, elles augmentent la fréquence cardiaque et la dépense énergétique, tout en entraînant une chute de la pression artérielle pendant la journée de travail, par rapport aux stations de travail debout.
Autre avantage de ces stations de travail sportives : elles augmentent la vigilance, réduisent l’ennui et sont associées à des scores de stress plus faibles. Les chercheurs émettent cependant un bémol concernant les stations de travail sur tapis roulant : le choc à chaque foulée peut gêner la motricité fine et entraver certaines tâches du quotidien comme le pointage de la souris et la frappe au clavier. Pas forcément l’idéal, donc, quand on travaille sur ordinateur. Cela ne doit cependant pas empêcher les employeurs de s’intéresser à ces nouvelles façons de travailler et de déterminer quelle station de travail correspond le mieux aux besoins de leur personnel.
Les dangers de la sédentarité
Les chercheurs ont toutefois mis en garde contre la solidité des données disponibles : seules 11 des études qu’ils ont incluses comparaient directement différents types de postes de travail. Les résultats mesurés ne s’intéressaient qu’aux effet à court terme et les études les plus complètes étaient de taille relativement petite. "En fin de compte, les travailleurs et les entreprises devraient être en mesure d'examiner de manière critique les avantages et les inconvénients de chaque type de poste de travail et de déterminer celui qui convient le mieux aux tâches et aux besoins spécifiques du travailleur", concluent-ils.
Aujourd'hui, un travailleur sédentaire restant assis huit heures par jour et qui ne pratique aucune activité physique a 15% de risques supplémentaires de mourir prématurément. Une personne qui reste quant à elle assise 11 heures par jour a 40% de risques supplémentaires de mourir prématurément par rapport à une autre qui est assise moins de 4 heures par jour. Par ailleurs, une étude de l'Université d'Harvard publiée en février 2014 a prouvé que plus nous restons assis au travail, en voiture ou devant la télévision, plus nous risquons de développer une maladie cardiaque, un cancer ou de faire un accident vasculaire cérébral.