L’utilisation d’opioïdes augmente le risque d’endocardite infectieuse, selon une nouvelle étude canadienne. Les chercheurs se sont concentrés ici sur un opiacé spécifique, appelé "hydromorphone", qui s’injecte directement dans l’organisme. L'hydromorphone est en général préconisée en deuxième intention dans les douleurs intenses d'origine cancéreuse en cas d'échec ou d'intolérance à la morphine.
"L’endocardite infectieuse" est une infection rare mais grave, qui conduit à une hospitalisation. Dans ce cas, des bactéries présentes dans le sang se sont, lors de leur passage au niveau du cœur, fixées et développées sur le revêtement interne de ses cavités (endocarde), et plus particulièrement sur les valvules cardiaques.
Augmentation des prescriptions d'hydromorphone
Les chercheurs ont analysé 60 529 admissions dans des hôpitaux de l’Ontario (Etats-Unis) liées à l'injection de médicament entre 2006 et 2015. Sur les 60 529 admissions, 733 patients présentaient une endocardite infectieuse. Au cours de cette période, et bien que les taux d'hospitalisation soient demeurés stables, le risque d'endocardite infectieuse est passé de 13,4% à 35,1% des admissions tous les trois mois.
Grâce à une analyse plus poussée des données, l'équipe a ensuite découvert que le risque croissant d'endocardite infectieuse était lié à une augmentation des prescriptions d'hydromorphone. Le nombre d'ordonnances d'hydromorphone était en effet passé de 16% de toutes les ordonnances d'opioïdes en 2006 à 53% en 2015. Des chiffres qui coïncidaient avec le moment où le nombre d'endocardite infectieuse a augmenté.
La consommation "des opioïdes est l'un des problèmes de santé publique les plus urgents"
A priori, ce serait le matériel d’injection du médicament qui serait susceptible de causer cette infection cardiaque, plus que l’opioïde en lui-même. Reste que la consommation "des opioïdes est l'un des problèmes de santé publique les plus urgents de notre époque", conclut l’enquête.
Chaque année, 12 millions de Français sont traités par des médicaments à base d’opium, dont 1 million par opioïde fort. Entre 2004 et 2007, les prescriptions supplémentaires d’opioïdes forts, comme le l’Oxycodone et le Fentanyl, ont augmenté de 100% (500 000 prescriptions supplémentaires). En conséquence, les hospitalisations pour overdose et le nombre de décès associés ont explosé depuis les années 2000 (+167% et +146%).
Un problème venu tout droit des Etats-Unis, où 64 000 Américains sont morts en 2017 par overdose d’opiacés, ce qui en fait l'une des causes principales de la diminution de l’espérance de vie depuis quelques années.