Les personnes atteintes d'apnée du sommeil ont du mal à se souvenir des détails de leur propre vie, ce qui les rend potentiellement vulnérables à la dépression, selon de nouvelles recherches australiennes. L'apnée obstructive du sommeil (AOS), dont on estime qu'elle touche plus de 936 millions de personnes dans le monde, est une affection grave qui survient lorsque la respiration d'une personne est interrompue pendant sa nuit.
"Une perte importante de matière grise"
On savait déjà que les personnes atteintes d’apnée du sommeil souffraient de troubles de la mémoire et présentaient des taux plus élevés de dépression, mais on ne comprenait pas bien pourquoi. "Les scintigraphies cérébrales des personnes atteintes d'apnée du sommeil montrent une perte importante de matière grise dans les régions qui chevauchent le réseau de la mémoire autobiographique", affirme désormais le docteur Melinda Jackson, directrice de l’étude.
Pour parvenir à ces conclusions, son équipe a comparé 44 adultes atteints d’apnée du sommeil non traités à 44 témoins en bonne santé, en évaluant la précision de leurs souvenirs d’enfance, de leur début de vie d'adulte et d'événements récents. Résultat : les personnes atteintes d'apnée du sommeil avaient beaucoup plus de souvenirs imprécis (52,3 %) comparativement à ceux du groupe témoin (18,9 %). Dans les deux groupes, le fait d’être plus âgé augmentait l’imprécision des souvenirs.
"Comprendre les mécanismes neurobiologiques"
"Notre étude suggère que l'apnée du sommeil peut altérer la capacité du cerveau à coder ou à consolider certains types de souvenirs", explique Melinda Jackson. "Comprendre les mécanismes neurobiologiques à l'œuvre nous donne une chance d'améliorer la santé mentale de millions de personnes. Une prochaine étape importante consistera à déterminer si un traitement efficace de l'apnée du sommeil pourrait aider à contrer certains de ces problèmes de mémoire ou même à restaurer les souvenirs qui ont été perdus", conclut-elle.
L’incidence de l'apnée du sommeil augmente de façon quasiment linéaire en fonction de l’âge chez les adultes : 7,9% des personnes âgées de 20 à 44 ans, 19,7% des 45-64 ans et 30,5% des personnes de plus de 65 ans sont concernées. Néanmoins, ces chiffres sont probablement sous-estimés compte tenu du caractère asymptomatique du syndrome chez certaines personnes. L’apnée est par ailleurs deux fois plus fréquente chez les hommes que chez les femmes. Favorisée par le surpoids, on la trouve souvent associée au syndrome métabolique ou au diabète.*
Source : Inserm.