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Conseil d'Etat

L'interdiction de vente des poppers est annulée

Par Bruno Martrette

Le Conseil d'Etat vient d'annuler un arrêté interdisant la vente des poppers. Cette drogue la plus consommée après le cannabis, est pourtant susceptible d'entraîner ces usagers vers des conduites à risques.

RACKAM/SIPA

Les poppers seront bientôt en vente libre sur Internet et dans les sex-shops ! Le Conseil d'Etat vient en effet d'annuler un arrêté ministériel interdisant la commercialisation de ces petits flacons, par une décision rendue lundi 3 juin. L'annonce risque on l'imagine de créer des inquiétudes chez de nombreux parents puisque cette drogue est désormais très prisée chez les jeunes.

 

Une inspiration par les narines, une sensation d’euphorie immédiate, un effet aphrodisiaque... « Les poppers sont désormais la drogue la plus consommée après le cannabis (5 % d’utilisateurs chez les 18-64 ans) en particulier chez les jeunes », relevait le dernier rapport de l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (Ofdt). « Ils engendrent, de manière immédiate, une sensation d'euphorie, éventuellement accompagnée de rire, et une relaxation des fibres musculaires entraînant une dilatation intense des vaisseaux », décrivait l'Observatoire. Utilisée à l’origine dans le milieu gay pour augmenter ses performances sexuelles, « la drogue du sexe » est aujourd’hui à usage récréatif. Plus d’un jeune de 18 à 25 ans sur dix en a consommé au moins une fois dans l’année.

Aucun risque de dépendance 

Mais depuis le 29 juin 2011, un arrêté de l'ancien ministre de la Santé Xavier Bertrand interdisait la commercialisation des poppers. Et à l'époque, c'était déjà les niveaux de consommation élevés qui avaient conduit le gouvernement à prendre cette décision. L'application de la réglementation des stupéfiants à ces produits avaient ainsi été justifiée par « un risque de pharmacodépendance et d'abus ». Or, pour le Conseil d'Etat, « il ressort des pièces qui lui ont été soumises, que ces produits ont une toxicité faible aux doses inhalées habituelles » et qu'aucune étude scientifique ou enquête produite ne permet d'établir ces risques au sens des dispositions prévues par le code de la santé publique. Résultat, le Conseil estime que « le ministre de la Santé ne pouvait pas décider d'interdire » ces produits sur la base des dispositions du Code de la santé publique relatives aux stupéfiants.


Des spécialistes inquiets du retour des poppers

La décision fait donc fi des études scientifiques qui pointent les dangers des poppers. « Ils induisent des pertes visuelles, la toxicité maculaire mais aussi cardiaque des poppers est documentée », a résumé à l'Agence Presse Médicale Laurent Karila, psychiatre à l'hôpital Paul-Brousse. Et le Dr Amine Benyamina, psychiatre addictologue dans le même hôpital de poursuivre, « cette décision du Conseil d'Etat n'est pas une bonne nouvelle. Même si ces préparations liquides très volatiles ne créent pas d'accoutumance, les dommmages collatéraux de ces produits ne sont pas négligeables. Les poppers entraînent des conduites à risques de la part des usagers, notamment lors des rapports sexuels. De plus, ils préparent à la consommation d'autres drogues ». 

 

Enfin, dans certains cas, la consommation de ces substances peut conduire à des intoxications, et une hypotension artérielle, potentiellement mortelles. « Le risque s’accroît, signale l’Observatoire, lors de la prise concomitante de médicaments comme le Viagra ». Entre 1999 et 2009, 794 cas d’exposition aux poppers ont été recensés dans les centres antipoison, dont 119 cas graves.