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Prévention

Anorexie : le suivi du poids chez les jeunes enfants est un indicateur du risque

Par Joséphine Jossermoz

Un poids faible persistant chez les jeunes enfants augmenterait le risque d'anorexie mentale par la suite.

yacobchuk/Istock

Une nouvelle étude réalisée par l'école de médecine de l'Université de Caroline du Nord (UNC), met au jour un autre facteur de risque de développement de troubles de l'alimentation. L'étude s'est appuyée sur l'analyse de données recueillies auprès de 1502 personnes au Royaume-Uni.

Elle révèle qu’un faible indice de masse corporelle (IMC) persistant chez les enfants, dès l’âge de 2 ans pour les garçons et de 4 ans pour les filles, constituerait un facteur de risque pour le développement de l’anorexie mentale à l’adolescence.

La boulimie est également concernée puisque l'étude a démontré qu'un IMC élevé et persistant dans l’enfance pouvait, lui aussi, constituer un facteur de risque, mais cette fois, pour le développement ultérieur de la boulimie nerveuse, des crises de frénésie alimentaire, et d'un désordre de purge.

Une indication essentielle

« Jusqu'à présent, nous avions très peu d'indications sur la manière d'identifier les enfants susceptibles de développer des troubles de l'alimentation plus tard dans l'adolescence. » A déclaré Zeynep Yilmaz, auteur principal de l'étude et professeur assistant de psychiatrie et de génétique à l'UNC. « En examinant les enregistrements de croissance de milliers d'enfants à travers le temps, nous avons pu identifier des profils d'alerte précoce qui pourraient signaler les enfants à risque. »

La co-auteure, Cynthia Bulik, professeure émérite en troubles de l'alimentation, également de l'UNC, ajoute : « Cliniquement, cela signifie que les pédiatres doivent être vigilants face aux enfants qui tombent et restent en dessous de la courbe de croissance pendant une certaine durée. Il en va de même pour les enfants qui dépassent la courbe de croissance et qui restent au-dessus de la courbe de croissance. »

Des outils de détection précoce

Ce nouveau facteur mettrait en avant une caractéristique génétique. En effet, les enfants concernés s'avèrent être bien trop jeune pour avoir développé des différences de poids causées par des pressions sociales. Pour Zeynep Yilmaz : « Il est impératif de prendre en compte les facteurs de risque métaboliques, ainsi que les composantes psychologiques, socioculturelles et environnementales, bien que les troubles de l'alimentation soient de nature psychiatrique. »

L'auteur correspondant de l’étude, Nadia Micali, professeur ordinaire à la Faculté de médecine de l’Université de Genève et chef de la division de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent des Hôpitaux universitaires de Genève poursuit : « Nos résultats soulignent également la composition multifactorielle des troubles de l'alimentation, ainsi que la nécessité de développer des outils de détection précoce qui pourraient être utilisés dans le cadre des contrôles de routine par tous les pédiatres.

En effet, plus le problème est identifié tôt, mieux il peut être géré, en particulier si un soutien est apporté à la famille dans son ensemble, plutôt qu’à l’individu. » Ainsi, les enfants pourraient être mieux prit en charge, plus jeunes, et éviteraient des troubles alimentaires à l'adolescence, un bon moyen de prévenir, plutôt que de guérir.