Habitante de Gabian, un petit village au nord de Béziers, une fillette de 5 ans a été transférée mardi soir dans un état grave au service de réanimation du CHU de Montpellier. Le diagnostic de méningite a été confirmé par l’ARS (Agence régionale de santé).
Il s'agit d'une forme grave de méningite à méningocoque avec un purpura (tâches rouges violacées sur la peau) qui témoigne septicémie. Ce "purpura fulminans" est observé dans les forme gravissimes de méningite à méningocoque qui doivent conduire à une hospitalisation, voire une antibiothérapie, en extrême urgence.
L’entourage de la petite fille a été traité par antibiotique à visée préventive et elle récupère bien selon l’Agence Régionale de la santé (ARS). Si le traitement antibio.tique a été assez rapide, elle pourrait ne pas avoir de séquelles
La méningite reste endémique en France
Les méningites fulminantes sont généralement liées à une bactérie, le méningocoque C. Celui-ci est anormalement virulent depuis une dizaine d’année de l'avis même des spécialistes qui ont alerté les autorités de santé.
Les chiffres sont hélas venus leur donner raison. 800 cas, 200 décès depuis 2011. Plusieurs ces dernières semaines... Une situation inquiétante et frustrante quand on sait que la vaccination pourrait faire disparaître la maladie... comme cela a été observé aux Pays-Bas.
Une infection des enveloppes du cerveau
La méningite est une inflammation des méninges, les enveloppes du cervau, assez fréquente. Elle n'est pas grave lorsqu'elle est due à un virus, ce qui est le cas dans 80% des cas. Elle devient grave si c'est une bactérie et mortelle si c'est une forme fulminante en l'absence de traitement antibiotique rapide.
Dans les formes normales, la méningite est surtout douloureuse et très pénible à supporter, il n’y a pas vraiment de traitement spécifique des formes virales et la guérison est la règle. C'est une tout autre histoire avec une bactérie : le liquide céphalo-rachidien devient purulent et tout le système nerveux, puis le corps, est en danger. Il s’agit d’une urgence extrême qui heureusement, si le diagnostic est fait à temps, peut bénéficier de l’effet spectaculaire des antibiotiques.
Les signes qui doivent alerter
Rappelons que lors des premières 24 heures, une infection à méningocoque se traduit généralement par des maux de tête, des vomissements et une raideur de la nuque. Elle peut aussi donner lieu à des septicémies, des arthrites ou encore des péritonites.
Les médecins n’y pensent pas encore forcément tout de suite, mais 10% des patients infectés par la souche W de méningocoque présentent également des douleurs abdominales, selon une toute nouvelle étude de l'Institut Pasteur et du service de pédiatrie de l'Hôpital Bicêtre AP-HP publiée dans Clinical Infectious Diseases.
Diagnostic par la ponction lombaire
Pour faire le diagnostic et traiter efficacement (ajuster l'antibiotique à la bactérie), un seul geste : la ponction lombaire. Avec une longue aiguille, on va prélever un peu de liquide céphalo-rachidien. On le fait dans le bas du dos, parce que les méninges recouvrent non seulement le cerveau mais également son prolongement, la moelle épinière. D’où ce prélèvement entre la quatrième et la cinquième vertèbre lombaire, là où l'on est sûr qu'il n'y a plus de moelle épinière, mais seulement des racines : on peut prélever sans risque de blesser une zone vitale.
La méningite ne touche pas que les enfants
Il y a environ 8000 cas de méningite par an en France dont prés de 2000 sont des formes graves. Si on insiste sur les enfants c’est parce que chaque année, quelque 500 à 800 personnes sont touchées par une méningite à méningocoque, la forme la plus grave. La plupart sont des nourrissons ou des jeunes enfants. Un sur dix en meure et 6% des « survivants » ont des séquelles importantes.
La vaccination est efficace
A l’heure où de nombreux Français cherchent des arguments pour se convaincre de l’importance de la vaccination, au-delà de cette terrible statistique, il faut en méditer une autre. En France, la couverture vaccinale pour ce virus est de 71 %. Cela peut paraître beaucoup… mais c'est très insuffisant pour éradiquer le méningocoque. D'après Santé Publique France : "Aux Pays-Bas, la couverture vaccinale contre le méningocoque C a atteint 94 %, et la maladie a aujourd’hui disparu. !"
D’où l’importance de rendre la vaccination obligatoire, comme cela a été instauré depuis le 1er janvier 2018... mais les enfants de plus de 2 ans ne sont pas tous vaccinés.
Des chercheurs de l’Inserm ont montré que 25% des décès et 25% des séquelles graves des enfants après une infection bactérienne sévère comme une méningite, auraient pu être évités par la simple application du calendrier vaccinal concernant le méningocoque et le pneumocoque.