Nouveau rebondissement dans l’affaire Levothyrox. Selon Le Parisien, le parquet de Marseille a élargi son enquête à "l’homicide involontaire", alors qu’il était jusqu’ici question de "mise en danger de la vie d’autrui". Le décès d’au moins une femme est suspecté d’être lié à la nouvelle formule du médicament thyroïdien.
"Cette nouvelle enquête démontre que, contrairement à ce qui était prétendu par un certain nombre de responsables politiques, il s’agit bien d’une crise sanitaire majeure dans laquelle les victimes ont été totalement délaissées", s’insurge maître David-Olivier Kaminski, qui représente près de 200 familles ayant déposé plainte.
Des effets secondaires indésirables
L’affaire du Levotyrox a commencé en février 2017, lorsque la formule du médicament a été changée à la demande de l’ANSM. Le lactose a été remplacé par du mannitol, afin de garantir la stabilité du produit dans le temps. Problème : de nombreux malades ont ressenti des effets secondaires indésirables (fatigue, maux de tête, insomnie, vertiges, douleurs articulaires, musculaires ou encore chute de cheveux).
"J'ai cru à un cancer, j'étais dans un état psychologique vraiment pas bon. J'ai fait des examens et ma TSH (hormone qui régule la sécrétion des hormones thyroïdiennes, ndlr) était tombée à un seuil très critique", raconte Aude, 32 ans, qui vit depuis plus de 10 ans sans thyroïde. "Cela faisait dix ans que j'allais bien et du jour au lendemain, tout s'écroule", se désole la jeune femme.
10 000 euros réclamés pour chaque plaignant
Au total, 17 000 cas d’effets secondaires ont été recensés, parmi lesquels 5062 ont été classés comme graves, et plus de 500 000 personnes ont abandonné la nouvelle formule du médicament.
"Merck a-t-il manqué à son devoir d'information ? Non, nous sommes catégoriques", se défend à l'AFP le directeur juridique du groupe pharmaceutique Florent Bensadoun. Il indique qu'un plan de communication "extrêmement large" avait consisté à envoyer "300 000 communications par courrier, fax et mail, auprès de 100 000 professionnels de santé" au moment du lancement en France de la nouvelle formule.
Trois millions de patients prennent ce médicament
Au total, trois millions de patients prennent ce médicament en France. Et alors que certains s’approvisionnent désormais à l’étranger, la formule contestée va être déployée dans 21 pays de l'UE, réduisant drastiquement les options thérapeutiques.
Située à la base du cou, la thyroïde est une petite glande contrôlée par l'hypophyse. Parfois, elle produit trop d’hormones, provoquant de l’hyperthyroïdie. A l’inverse, l'hypothyroïdie est l’incapacité de la glande thyroïde à produire suffisamment d'hormones thyroïdiennes.
Hormones thyroïdiennes
Les hormones thyroïdiennes sont très importantes, car elles régulent le métabolisme des cellules de notre corps, contrôlent l’énergie musculaire et la température du corps, modifient l'humeur, agissent sur le rythme cardiaque et la motricité du tube digestif, ont un rôle dans l’utilisation et la transformation des glucides, des lipides et des protides issus de l'alimentation, et participent à la croissance et au développement du corps chez l’enfant. Les dysfonctionnements thyroïdiens touchent près de 10% de la population française.