Pollution de l’air, perturbateurs endocriniens, alimentation… L’exposition prénatale et postnatale à différents polluants chimiques est associée à une diminution de la fonction respiratoire des enfants, selon une nouvelle étude franco-espagnole publiée dans The Lancet Planetary Health. Ces résultats sont basés sur le concept de "l’exposome", qui désigne l’ensemble des facteurs environnementaux auxquels un individu est soumis depuis sa conception.
"Identifier les facteurs de risque d’une fonction respiratoire diminuée dans l’enfance est important car le développement pulmonaire de l'enfant est un facteur déterminant de sa santé globale, et pas seulement respiratoire, tout au long de la vie", explique Valérie Siroux, chercheuse à l’Inserm et co-coordinatrice de l’étude. Précisément, "cette approche a pour objectif de mettre en lien ces expositions avec la santé d’enfants âgés de 6 à 12 ans, notamment la fonction respiratoire", précisent les chercheurs dans un communiqué.
9 enfants sur 10 sont porteurs d’éléments polluants externes
L'équipe* a recueilli des données sur les expositions prénatales et postnatales liées à l’environnement extérieur (pollution de l’air par les particules fines, bruit…), à des contaminants chimiques (perturbateurs endocriniens, métaux, polluants organiques persistants…) et au style de vie (alimentation…) chez plus de 1000 femmes enceintes et leurs enfants dans six pays européens.
À travers 85 expositions prénatales et 125 expositions post-natales, une photographie de l’environnement précoce a pu être établie pour chaque enfant. Les résultats sont plus que préoccupants : au moins 9 femmes sur 10 et 9 enfants sur 10 étaient porteurs d’éléments polluants externes.
Ustensiles de cuisine et cosmétiques
Plus précisément, c’est l’exposition prénatale aux composés perfluorés (présents dans différents produits industriels et de consommation, comme par exemple certains ustensiles de cuisine antiadhésifs ou revêtements antitâches) à l’éthyl-parabène (utilisé comme conservateur dans les cosmétiques) et à des métabolites des phtalates (utilisé comme plastifiant) qui pourraient être associée à une fonction respiratoire diminuée chez l’enfant.
Les troubles pulmonaires représentent environ un quart de toutes les visites d'enfants chez un médecin généraliste, et leurs deux affections principales sont l'asthme et la mucoviscidose.
*Des chercheurs de l’Inserm, du CNRS, de l’Université Grenoble Alpes et de l’Institut de santé globale de Barcelone ont participé à l’étude.