Une étude sur 7 ans de la vaccination antipneumococcique des enfants en France montre que l’instauration du vaccin dirigé contre les 13 sérotypes les plus dangereux de pneumocoques est associée à l’émergence d’autres pneumocoques non-couverts par le vaccin mais que ceux-ci ne sont pas dangereux : ils ne donnent pas d’infections graves (« infections invasives » type pneumonie, septicémie, méningite). Cette étude est parue dans le JAMA Pediatrics.
Une étude sur les pneumonies
Devant l’émergence d’autres souches de pneumocoque que celles couvertes par une vaccination lors de son introduction, se pose la question de la responsabilité éventuelle de ces autres souches (sérotypes) dans les infections graves à pneumocoque (pneumonie, septicémie, méningite).
L’étude a porté sur 12587 enfants avec une pneumonie, dont 4273 nécessitant une hospitalisation. L’introduction du vaccin antipneumococcique 13-valent a été suivi d’une décroissance impressionnante de la fréquence des pneumonies de l’enfant (de 6,3 pneumonies pour 1000 visites aux urgences avant 2014, à 3,8 pneumonies pour 1000 visites aux urgences en 2017). S’il y a effectivement émergence de nouveaux sérotypes de pneumocoques non couverts par la vaccination, ceux-ci ne semblent pas être à l’origine de pneumonies sévères.
Danger des pneumonies à pneumocoque
La pneumonie à pneumocoque est une cause majeure de maladie et de mortalité chez l’enfant. Chez l’enfant, c’est une des raisons qui a poussé à l’extension de la vaccination obligatoire au pneumocoque. Cette vaccination est réalisée grâce à un vaccin conjugué qui est désormais dirigé contre 13 espèces de pneumocoques (13 sérotypes) parce que ce sont ces sérotypes qui sont associés aux infections les plus graves.
Une bactérie protéiforme
Le pneumocoque (Streptococcus pneumoniae) est une bactérie qui possède une capsule, composée de sucres complexes (polysaccharides) qui explique en partie sa virulence.
Selon la nature de ces polyosides, il existe une grande diversité de pneumocoques, appelées « sérotypes » : une centaine ont ainsi été décrits mais seuls quelques-uns sont actuellement responsables des « infections invasives à pneumocoque », les infections les plus dangereuses (pneumonie, septicémie, méningite).
Un vaccin 13-valent efficace
Le vaccin est efficace car il est conjugué à une protéine qui en augmente la puissance (l’antigénicité) et il protège bien contre les infections dues aux 13 sérotypes inclus dans le vaccin. Cependant, le vaccin précédent était dirigé contre seulement 7 sérotypes et on avait observé au fil du temps une augmentation de la fréquence des infections dues à certains sérotypes non couverts dans le vaccin conjuqué heptavalent qui contenait 7 sérotypes (4, 6B, 9V, 14, 18C, 19F et 23F). Depuis 2010, en France, le vaccin conjugué contient six valences complémentaires : 1, 3, 5, 6A, 7F et 19A. Tous ces sérotypes sont ceux qui sont responsables de la majorité des infections invasives à pneumocoques dont les pneumonies.
Il était donc intéressant de vérifier si cette vaccination limitée à 13 sérotypes ne reproduisait pas le même phénomène en faisant émerger d’autres pneumocoques potentiellement dangereux. Le vaccin 13-valent est un vaccin conjugué. La conjugaison des antigènes polyosidiques pneumococcciques à une protéine améliore l'efficacité de l'immunisation contre le pneumocoque.
Ce vaccin conjugué 13-valent confère donc une protection contre les infections à pneumocoque, et en particulier les pneumonies chez l’enfant. Il est également actif contre le portage chronique de cette bactérie dans les voies aérienne supérieures et il peut être utilisé dès l'âge de deux mois. S’il semble être responsable de la croissance en importance des autres sérotypes de pneumocoque non-couverts par le vaccin ces derniers n’apparaissent pas associés à une augmentation des pneumonies chez l’enfant.