Voilà qui pourrait changer la vie de millions de personnes souffrant de diabète de type 1 à travers le monde. Pour la première fois, des chercheurs américains ont réussi à transformer des cellules souches humaines en cellules matures productrices d'insuline en laboratoire, selon une étude parue dans la revue Nature Cell Biology.
Cette réussite est l’aboutissement d’un travail de plusieurs années. "Les cellules que nous produisions étaient coincées à un stade immature où elles n’arrivaient pas à répondre de manière adéquate au glucose sanguin et à sécréter de l’insuline correctement", note Matthias Hebrok, du Centre de Recherches sur le Diabète de San Francisco, auteur de l’étude. Puis, son équipe et lui ont réalisé que la clé du succès résidait dans un aspect négligé du développement des cellules bêta, le processus physique par lequel les cellules se séparent du reste du pancréas et forment ce qu'on appelle les îlots de Langerhans.
Les chercheurs ont alors reproduit ce processus en laboratoire en séparant artificiellement des cellules souches du pancréas et en les reformant en des grappes d’îlots. Résultat : les cellules bêta et les autres (delta et alpha) ont commencé à répondre au glucose comme des cellules matures productrices d’insuline.
Testé avec succès sur des souris
Les chercheurs ont ensuite transplanté ces "îlots" chez des souris en bonne santé et ont découvert qu'ils fonctionnaient pendant plusieurs jours, produisant de l’insuline pour répondre au niveau sanguin de sucre de la même façon que les îlots naturels des animaux.
"Nous pouvons maintenant générer des cellules génératrices d’insuline qui ressemblent et se comportent comme les cellules pancréatiques que vous et moi avons dans notre corps. C’est une étape majeure vers notre but qui est de créer des cellules qui pourraient être transplantées dans des patients souffrant de diabète", se félicite Matthias Hebrok.
Les complications liées au diabète de type 1 peuvent mettre en péril la vie du malade
Le diabète de type 1 représente 10% de cas de diabète dans le monde et en France. Il s’agit d’une maladie auto-immune se manifestant le plus souvent dès l’enfance et détruisant les cellules productrices d’insuline dans le pancréas. Sans insuline pour réguler les niveaux de glucose dans le sang, les pics de sucre peuvent sérieusement endommager les organes, pouvant même provoquer la mort. Si cette maladie peut être traitée avec des piqures d’insuline régulières, certaines personnes présentent encore des complications aiguës ou chroniques liées à un contrôle insuffisant de leur glycémie.
Parmi elles, la rétinopathie, l’insuffisance rénale, la neuropathie, la coronaropathie (maladie des artères du cœur) et l’artériopathie oblitérante des membres inférieurs (maladie des artères des membres inférieurs). Ces complications peuvent mettre en péril la vie du patient. C’est pourquoi, aujourd’hui, les diabétiques menacés de morts peuvent recevoir une greffe de pancréas (le plus souvent accompagnée d’une transplantation rénale).
D’après le Centre hépato-billaire Paul Rousse, depuis la première transplantation du pancréas en 1996, l’opération se passe de mieux en mieux. Aujourd’hui, la survie des patients à 3, 5 et 10 ans est respectivement de 90%, 87% et 70%. En moyenne, 80 greffes ont lieu chaque années dans l’Hexagone.