Depuis 1989, entre 384 000 et 614 500 américaines touchées par un cancer du sein ont été sauvées grâce à la mammographie et à l'amélioration des traitements. Rien qu'en 2018, 27 083 à 45 726 décès ont été évités.
Ces nouveaux chiffres démontrent "à quel point la combinaison de la détection précoce et du traitement moderne du cancer du sein a été efficace pour prévenir les décès dus à cette pathologie", a déclaré le directeur de recherche R. Edward Hendrick (faculté de médecine de l'Université du Colorado), regrettant par ailleurs la récente focalisation des médias sur les risques du dépistage.
La survie a nettement progressé
S’il n’existe pas de chiffres aussi précis pour l'Hexagone, la dynamique y est similaire. Avec 11 883 décès en 2017 (soit 18,6% des décès par cancer des femmes), le cancer du sein reste la première cause de décès par cancer des Françaises, mais "plusieurs observations importantes sont porteuses d’espoir : tout d’abord, la diminution du taux de mortalité de -1,5 par an observée entre 2005 et 2012 ; ensuite, la survie après traitement pour cancer du sein a nettement progressé et atteint maintenant 87% à 5 ans (près de 9 femmes sur 10) alors qu’elle était de 80% en 1993. La survie atteint même 99% pour certaines formes que l’on sait maintenant identifier", indiquait à l’occasion d’octobre rose le Dr Anne Vincent-Salomon, médecin pathologiste à l’Institut Curie.
Comme aux Etats-Unis, les Françaises bénéficient de traitements mieux ajustés à chaque type de cancer, d’une politique de dépistage généralisée et d’une meilleure connaissance des différentes formes de cancers du sein. "Malheureusement, un constat plus sombre persiste : lorsque des métastases de cancer du sein surviennent, la survie n’est plus que de 26%. Il est donc urgent de poursuivre les efforts de recherche et d’encourager toutes les pistes d’innovation pour faire progresser la survie des femmes atteintes de cancer du sein métastatique", poursuit Anne Vincent-Salomon.
Des progrès restent à faire
En 2016, le taux de participation de la population-cible du dépistage du cancer du sein était de 50,7 % (51,5 % en 2015). Après une progression importante dans les premières années (de 42,5 % en 2004-2005 jusqu'à 52,7 % en 2011-2012) un palier est observé depuis 2008, et les nouvelles données montrent une légère baisse.
Pour le Dr Philippe Laplaige, cancérologue à la Polyclinique de Blois, encore trop peu de femmes de plus de 50 ans se font dépister pour le cancer du sein. Selon lui, la douleur dont se plaignent certaines patientes et qui peut faire peur aux autres serait l'un des obstacles au dépistage. Néanmoins, "ce qui est sûr, c’est qu’il faut participer. C’est un enjeu de santé publique", martèle-t-il. Le second reproche fait par les détracteurs du dépistage est qu’il entraîne un risque de sur-diagnostic, et par conséquent de sur-traitement et d'opérations inutiles.
Le Dr Laplaige fonde donc ses espoirs sur la prise de sang, ou biopsie liquide, qui est déjà une piste dans le monde de la recherche. Grâce à la biologie, il serait possible de prédire l’évolution de ces types de lésion. Si avec une prise de sang un médecin est capable de dire que cela n’évoluera pas, ces personnes "sur-diagnostiquées" ne seront alors pas traitées à tort. Récemment, des chercheurs britanniques ont réussi à détecter 94% des cancers, y compris des cancers du sein grâce à cette technique. Des travaux supplémentaires doivent être menés.