Alors qu’il visitait ce lundi matin une maison de santé pluridisciplinaire (MSP) à Avoine (Indre-et-Loire), le Premier ministre Edouard Philippe a déclaré qu’il souhaitait voir ce dispositif se développer dans le but de lutter contre la désertification médicale.
"Cette initiative ici, et d’autres initiatives partout en France, montrent le chemin. Et l’objectif du projet de loi, c’est de faire en sorte que ces initiatives puissent être dupliquées, multipliées sur le territoire, pour que l’exercice collectif de la médecine devienne la norme", même s’il ne s’agit pas de la rendre "obligatoire", a-t-il expliqué, aux côtés de la ministre de la Santé Agnès Buzyn.
Capacité à se regrouper
Les maisons de santé pluriprofessionnelles regroupent plusieurs professionnels de santé dans des locaux communs. La plupart du temps situées en milieu rural, elles sont constituées d’au moins deux médecins généralistes et d’un paramédical. La loi les définit comme des lieux de regroupement des professionnels de santé, assurant des activités de soins sans hébergement et participant à des actions préventives, sociales et éducatives.
Début 2018, la France comptait 910 maisons de santé et plus de 300 en cours de création. "Cette capacité à se regrouper, inventer des nouvelles façons d’exercer, séduit y compris des médecins qui ne vivent pas en milieu rural", poursuit Édouard Philippe, qui a également confirmé la création d'ici 2022 de 4 000 postes d'assistants médicaux.
Allègement des contraintes administratives
"Je pense que le doublement des maisons de santé est un objectif tout à fait réalisable. Les maisons de santé attirent. Elles offrent aux médecins un partage des tâches, un allègement des contraintes administratives. Elles leur permettent de tourner, d’avoir plus de temps libre", assure à Europe 1 Brigitte Bouzige, la vice-présidente de la Fédération Française des Maisons et Pôles de Santé.
Mais encore faut-il s’être mis au préalable d’accord avec des médecins, car le financement ne fait pas tout. Seuls 4% des généralistes français exercent aujourd’hui dans ces structures. "A Avanton (près de Poitiers), la maison de santé, inaugurée il y a quatre mois, peine à trouver des médecins généralistes. Ce regroupement de professionnels de santé a été pensé et financé par la commune, à hauteur de 430 000 euros. Une ostéopathe a posé ses valises en avril. Deux infirmiers ont posé leur plaque début août mais les médecins boudent cet écrin tout neuf", peut-on par exemple lire sur le site de France culture.
Le nombre de médecins en activité régulière a diminué de 10%
Depuis 2010, le nombre de médecins en activité régulière a diminué de 10%. Cette tendance à la baisse concerne en premier lieu les médecins généralistes. S’ils étaient 94 261 en activité régulière en 2010, ils ne sont plus que 87 801 en 2018, soit une baisse de 7,3% depuis 2010 (0,4% depuis 2017).
Les données du CNOM révèlent aussi un accroissement des inégalités entre les départements les mieux lotis en termes de densité médicale. Les départements les moins bien pourvus comptent en effet désormais 1,6 fois moins de généralistes que les mieux lotis, contre 1,4 fois moins en 2010. L’écart s'avère encore plus important pour différentes autres professions, avec par exemple 2,6 fois moins d'ophtalmologues, 2,7 fois moins de psychiatres et 3,6 fois moins de dermatologues dans les zones les plus sous-dotées.