Retenez bien le nom de ce nouveau traitement : tisotumab vedotin ou "TV". D’après une étude publiée dans la revue scientifique The Lancet Oncology, il constitue le nouvel espoir dans la lutte contre le cancer.
Selon les auteurs de ces nouveaux travaux, rattachés à l'Institut du cancer de Londres et au Royal Marsden NHS Foundation Trust, ce nouveau médicament agit comme un "cheval de Troie" en infiltrant les cellules tumorales. Un essai clinique de phase I/II réalisé auprès de 150 patients atteints de 6 cancers différents sur lesquels les traitements classiques ne répondaient plus s’est révélé très prometteur : plus du quart des tumeurs cervicales et de la vessie et près de 15% des tumeurs des ovaires et des poumons ont y répondu favorablement.
Des tumeurs diminuées ou en arrêt de croissance
Initialement ouvert à 27 patients pour évaluer l’innocuité du traitement et établir la bonne dose, l’essai clinique a rapidement été élargi à 120 autres patients, tous ayant un cancer au stade avancé et qui présentait une résistance à trois types de traitements différents.
Testé auprès de cancers de l’intestin, du pancréas, du poumon à cellules squameuses, ainsi que dans le cadre d’un essai de phase II en tant que traitement de deuxième intention du cancer du col de l’utérus, tisotumab vedotin a montré des résultats spectaculaires, avec des tumeurs en diminution ou en arrêt de croissance.
Ainsi, 27% des patients atteints d'un cancer de la vessie, 26,5% d'un cancer du col utérin, 14% d'un cancer de l'ovaire, 13% d'un œsophage, 13% d'un poumon non à petites cellules et 7% d'un cancer de l'endomètre ont répondu au traitement. Seuls les cancers de la prostate ne semblent pas y répondre favorablement.
Un nouveau mécanisme d’action
La nouveauté de ce traitement ne tient pas seulement à ses bons résultats sur les cellules tumorales, mais aussi sur son mécanisme d’action. En effet, tisotumab vedotin est composé d’une molécule toxique fixée à l’arrière d’un anticorps, lui-même conçu pour rechercher un récepteur appelé "facteur tissulaire" et qui est présent à la surface de nombreuses cellules cancéreuses et lié à une survie inférieure. La liaison au facteur tissulaire attire la molécule à l'intérieur des cellules cancéreuses, où elle peut alors les détruire de l'intérieur.
"Ce qui est tellement excitant à propos de ce traitement, c'est que son mécanisme d'action est complètement nouveau. Il agit comme un cheval de Troie pour s'infiltrer dans les cellules cancéreuses et les tuer de l'intérieur. Notre première étude montre qu'il peut potentiellement traiter un grand nombre de cellules de différents types de cancer, et en particulier certains de ceux dont les taux de survie sont très faibles", se réjouissent les auteurs de l’étude, qui précisent que le traitement a des "effets secondaires très gérables" et que les patients y répondaient bien.
Les résultats ont été si positifs que le médicament est maintenant passé aux essais de phase II sur le cancer du col de l’utérus et sera testé sur une gamme de cancers tumoraux solides supplémentaires.
"Nous avons constaté des avancées majeures contre le cancer au cours des dernières décennies, mais de nombreux types de tumeurs restent très difficiles à traiter une fois que le cancer a commencé à se propager. Nous avons désespérément besoin de traitements innovants comme celui-ci, capables de combattre le cancer d'une toute nouvelle manière et de rester efficaces même contre les tumeurs devenues résistantes aux thérapies classiques", a déclaré le Pr Paul Workman, directeur général de l'Institut du cancer de Londres.