Une nouvelle étude du King's College London, publiée dans le BMJ, montre qu’un simple service informatique d’aide à la prescription d’antibiotiques est susceptible d’en réduire la consommation. 79 cabinets de médecine générale, sélectionnés au Royaume-Uni, ont été inclus dans l’étude, tout comme les suivis de plus de 500 000 patients. Les chercheurs se sont concentrés sur les infections respiratoires telles que la toux, le rhume, la bronchite ou encore la sinusite.
La prescription d'antibiotiques a été réduite de 12%
Suite à l’installation du logiciel d’aide en ligne et de la distribution de dépliants papiers, la prescription d'antibiotiques a été réduite de 12% au total. Rien n'indique que les complications bactériennes graves, comme la pneumonie ou la scarlatine, aient augmenté en parallèle.
Les praticiens n'ont en revanche pas réduit la prescription d'antibiotiques aux enfants (moins de 15 ans) ou aux personnes âgées (85 ans et plus). Les auteurs font remarquer que la prescription d'antibiotiques au sein de ces groupes d’âge nécessite une évaluation plus poussée.
Fournir plus d’informations aux praticiens
"Cet essai a montré que le fait de fournir plus d’informations aux praticiens sur les traitements des maladies respiratoires a entraîné une réduction de la prescription des antibiotiques. Si cette approche est mise en place à l'échelle nationale, elle pourrait contribuer à réduire la résistance aux antibiotiques", se félicite le directeur de l’étude.
Alors qu’en 2014, un rapport sur la résistance aux antibiotiques prédisait que d’ici 2050, les infections résistantes aux antimicrobiens pourraient devenir la principale cause de décès dans le monde en occasionnant 10 millions de morts par an, une nouvelle étude publiée dans la revue The Lancet Infectious Diseases émet un constat tout aussi alarmant. Selon les chercheurs, les bactéries résistantes aux antibiotiques ont causé la mort de 33 000 personnes en 2015 au sein de l’Union européenne. "Le fardeau de ces infections est comparable à celui de la grippe, de la tuberculose et du VIH/Sida combinés", s’inquiètent les scientifiques.
Automédication
Parmi les Français qui ont pris un traitement antibiotique au cours des deux dernières années, 8% l’ont pris via automédication, et 14% n’ont pas pris le traitement sur toute la durée indiquée par le médecin. C’est pire chez les jeunes : 16% d’entre eux demandent une prescription d’antibiotiques à leur médecin lorsque celui-ci ne le propose pas spontanément, un chiffre en hausse. Par ailleurs, près d’1 Français sur 2 ne sait pas que les antibiotiques sont uniquement efficaces contre les bactéries, et que le vaccin permettrait de préserver l’efficacité des antibiotiques (41%).